Europe : les auditions se poursuivent, les futurs commissaires européens détaillent leur programme

10 octobre 2019

Alors que Sylvie Goulard, empêtrée dans différentes affaires, a vu sa candidature rejetée par les Députés européens ce 10 octobre, la vice-Présidente tchèque aux Valeurs et à la Transparence a pu détailler son programme, comme d’ailleurs Madame Vestager, désignée à l’ère numérique.

Sylvie Goulard était en délicatesse face aux députés européens, la faute notamment à ses liens contractuels avec l’institut américain de réflexion Berggruen, et son travail de consultante pour « plus de 10 000 euros par mois ». Elle a tenté de justifier de la réalité de son travail, et de l’absence de conflit d’intérêt, tout en reconnaissant que son salaire « peut soulever des interrogations ». Les liens entre M. Macron et la famille Berggruen ont inquiété les députés européens, tout comme les intérêts de l’institut dans l’intelligence artificielle, à l’heure où Madame Goulard serait en charge de cette thématique. Elle a notamment rappelé que l’Organisme de Lutte antifraude de l’UE (OLAF) l’avait informée par écrit « qu’aucun fait corroborant les soupçons n’a été établi contre moi ». Les Députés ont massivement rejeté la candidature de Madame Goulard, par 82 voix contre et 29 pour.

Lors de son audition, Vera Jourova, Commissaire tchèque aux Valeurs et à la Transparence est revenue sur son programme. Elle a expliqué vouloir se concentrer sur trois priorités : le respect de l’Etat de droit, le développement d’une stratégie sur les droits fondamentaux, et un plan d’action sur la démocratie européenne. Elle sera également en charge de la lutte contre la désinformation, aussi appelée lutte contre les « fake news ». Elle a assuré être attentive à la question de la liberté des médias, avant de confirmer qu’elle souhaitait rouvrir la directive « e-commerce » pour encadrer les responsabilités des plateformes numériques. Une nouvelle législation pour les services numériques sevrait voir le jour.

Madame Vestager, danoise, actuellement commissaire a la concurrence a été auditionnée pour la conservation de sa position. Elle a insisté sur le grand combat de son mandat : éviter les distorsions de concurrence dans le marché unique, notamment à l’aune du numérique et des exigences du Green New Deal dont l’Europe souhaite se doter. Ainsi, selon elle « la stratégie industrielle doit concerner tout le monde, doit être verte et reposer sur les règles de la concurrence ». Elle a également insisté sur la directive e-commerce et les responsabilités des plateformes numériques, tout en étant très ferme sur le fait qu’elle ne reviendrait pas sur le débat des droits d’auteur. Elle a enfin insisté sur les nouveaux défis posés par l’intelligence artificielle et la nécessité de « développer un modèle européen d’intelligence artificielle ». Sur la question de la taxation des géants du numérique, a qualifié la mission de « priorité », car il faut selon elle « maintenir la pression ».