3 questions à … Philippe Coy, Président de la confédération des Buralistes

18 février 2021

Philippe Coy, Président de la confédération des Buralistes, répond aux questions de l’APVF et détaille le rôle des buralistes dans les territoires.

Une Confédération des buralistes, pourquoi faire ?

Du bar-tabac-multiservices de centre-bourg au tabac-presse-loto de quartier, la Confédération nationale des buralistes est l’organisation représentative du réseau de ces 24 000 buralistes dont le maillage irrigue la France des territoires.

La responsabilité de notre organisation professionnelle est assurée par des buralistes élus par leurs collègues, au niveau de fédérations départementales. Ils restent tous professionnels en activité dans leur point de vente.

Je suis moi-même élu à la présidence nationale de la Confédération nationale depuis octobre 2017, ce qui m’a amené à ne pas renouveler mon mandat de conseiller municipal d’une commune de 10 000 habitants du Béarn. J’ai cependant appris à partager autant les préoccupations et enjeux d’une collectivité locale en développement, au sein de sa communauté d’agglomération, que les soucis de mes collègues durement concurrencés par les prix du tabac espagnols.

Le grand projet actuel de la Confédération réside en la Transformation du réseau des buralistes. Nous avons intégré les objectifs de la politique de santé publique tandis que nous avons entendu la demande des consommateurs toujours attachés à la proximité mais dans le respect des codes du commerce d’aujourd’hui.

J’ai alors  invité mes collègues à participer à un travail de co-construction à partir de leurs attentes et besoins, lors d’un Tour de France de la Transformation passant prioritairement par des villes moyennes et petites mais remarquables, tout en lançant des négociations avec le Gouvernement.

Cela a débouché sur un protocole, signé avec Bercy le 2 février 2018, portant sur 80 millions d’euros d’aides à la Transformation des buralistes. Lequel a été abondé  par un avenant conclu avec Olivier Dussopt, le 22 octobre 2020, pour 20 millions supplémentaires, soit 100 millions d’euros d’aides publiques jusqu’à fin 2022.

Mais sur le terrain, comment cela se passe ?

La transformation est une démarche structurée  amenant chaque buraliste volontaire à passer, notamment, par un audit obligatoire de son point de vente pour se fixer une feuille de route, puis par une étape de pré-validation par la Douane ( notre administration de tutelle ) de son projet d’évolution qui doit respecter certains critères avant de se voir verser une aide correspondant à 30 % des  travaux ( avec un plafond à 30 000 euros ).

Nous avons mis en place, à la Confédération, une plate-forme qui accompagne les buralistes à chaque étape. Il s’agit tout autant de modifier l’aspect du point de vente en le rénovant profondément  que d’y implanter de nouvelles activités de développement commercial.

Mais aujourd’hui, ce qu’il est important de faire savoir c’est que la Transformation des buralistes fonctionne. Mi-février, 4 000 buralistes sont en contact avec notre plate-forme d’accompagnement. 2 200 audits ont été effectués et 15 millions d’euros d’aides après travaux réalisés ont déjà été versés.  Cela va commencer à se voir dans le paysage; la Transformation des buralistes se fait réalité.

Le rôle des buralistes dans les territoires est-il toujours aussi important ? 

Ce n’est pas à l’APVF que je vais l’apprendre. J’ai signé, le 10 avril 2019, une convention avec le président Christophe Bouillon, nous avons pris part à vos travaux lors du congrès d’Uzés et nous échangeons régulièrement. En tout point du territoire, le rôle de lien social des buralistes a toujours été utile tant aux yeux de la population que des élus locaux. D’autant que l’on compte, en moyenne, 260 buralistes par département et que 44 % des buralistes sont implantés dans des communes de moins de 3 500 habitants.

Ce lien social devient encore plus important alors que nous savons que le besoin de contact de proximité est un enjeu crucial dans tous les territoires au moment où la crise sanitaire contribue à redonner toute leur attractivité aux petites villes. Il se passe des choses importantes  dans la France des territoires qui sait agir et mettre en œuvre beaucoup d’initiatives par elle-même. Nous partageons l’impatience de l’APVF en attente de la prochaine loi 4 D de déconcentration et de décentralisation.

Mais concrètement, au titre de buralistes, quels sont les nouveaux besoins que vous entendez satisfaire dans les territoires ?

Notre nouvelle signature c’est « commerçant d’utilité locale « avec une carotte, notre emblème historique rouge, désormais en tricolore. Cela veut tout dire, particulièrement en ces temps difficiles pour  la population où nos activités essentielles sont restées ouvertes: nous continuons à rendre mille services, de la mise à disposition d’autorisations de déplacement pendant le confinement à l’accueil de paniers de produits frais venant de la campagne, en mode circuit court. D’ailleurs nous lançons deux expérimentations avec la FNSEA, en Haute-Garonne et dans le Loiret.

Mais notre projet porte plus loin. Nous entendons  jouer pleinement, tant pour l’Etat que pour les collectivités locales, le rôle de relais des services publics. Etant entendu qu’il ne s’agit pas de « confisquer « ces services publics mais plutôt de garantir leur présence par la force de notre proximité et notre capacité à réduire la fracture numérique, tout en facilitant les démarches de nos concitoyens.

Et cela fonctionne, comme pour la Transformation. C’est ainsi que dans le cadre d’un appel d’offres remporté auprès de la DGFiP  en 2019, 9 500 buralistes, déjà Points Paiement de Proximité, peuvent encaisser certaines fiscalités et factures de services locaux ( cantines, eau, utilisation d’équipements, etc ). Nous y voyons un rôle accru de tiers de confiance pour le buraliste. Et une garantie d’accessibilité pour le service public.

Dans le même esprit, nous effectuons dans certaines régions la vente de tickets de trains RER ou TGV. Et nous sommes en phase de discussion et d’expérimentations-terrain avec la Poste dans le but de rénover notre convention commune.

Avec le compte Nickel, présent en exclusivité chez 6 000 buralistes, nous apportons une solution simple et pratique à la débancarisation des quartiers et des zones rurales.

Et depuis trois ans, nous sommes le relais privilégié des campagnes de prévention contre les feux de forêt de l’entente Valabre.

Si l’on ajoute à cela que les buralistes sont appelés à jouer un rôle de premier plan dans le fonctionnement de l’éco-organisme qui se met en place en vue de faire disparaître les mégots  souillant  et polluant nos espaces publics, dans le cadre de la récente loi contre le gaspillage et l’économie circulaire, je me dis que nous avons besoin de conjuguer nos forces  au service des 35 % de Français résidant dans une petite centralité et pour renforcer la formidable résilience de nos territoires.

Retrouver le site de la confédération des Buralites en cliquant ici.