Logement social : un nouveau coup d’arrêt au financement public ?

28 mai 2025

Alors que la crise du logement s’aggrave année après année, l’État a rendu ce jeudi 22 mai un avis défavorable à une résolution du conseil d’administration du Fonds national des aides à la pierre (FNAP), qui proposait de porter à 700 millions d’euros le financement des aides à la pierre pour l’année 2026. Cette décision intervient dans un contexte de sous-financement chronique du logement social, et alors que la demande explose partout sur le territoire.

Une crise structurelle, des besoins en forte hausse

Entre 2017 et 2024, le nombre de demandeurs de logements sociaux est passé de 2 à 2,8 millions, soit une augmentation de 35 % en sept ans. Cette croissance constante traduit une réalité sociale inquiétante : de plus en plus de ménages, jeunes actifs, familles, personnes âgées ou en situation de précarité, peinent à accéder à un logement digne et abordable.

Pour répondre à cette demande croissante, la production annuelle de logements sociaux devrait atteindre au moins 125 000 unités. Or, ces objectifs sont loin d’être atteints. En 2023, moins de 95 000 logements sociaux ont été financés, et les perspectives pour les années à venir s’assombrissent encore.

Le FNAP, un outil menacé ?

Le financement des aides à la pierre, principal levier de soutien public à la construction de logements sociaux, est en baisse constante. Alors qu’il représentait près de 800 millions d’euros en 2010, il peine aujourd’hui à dépasser les 500 millions d’euros. Le refus de porter ce montant à 700 millions d’euros pour 2026 constitue un nouveau signal de repli, à contre-courant des besoins réels et urgents du pays.

Hier dans la Gazette des Communes, la ministre du Logement, Valérie Létard,  a exprimé sa sensibilité à la poursuite de ce dispositif, tout en renvoyant à des discussions budgétaires à venir. Elle évoque notamment l’idée d’un maintien du niveau de contribution au FNAP, assorti d’une baisse significative de la réduction de loyer de solidarité (RLS), permettant ainsi aux bailleurs d’augmenter leur capacité d’investissement.

Derrière les chiffres, des réalités humaines

Chaque retard dans la construction ou la rénovation d’un logement social, ce sont des années d’attente supplémentaires pour des millions de demandeurs, des parcours de vie mis en suspens, des situations de mal-logement qui perdurent. Face à une crise qui touche désormais toutes les strates de la population et toutes les régions, le logement social demeure un outil essentiel de justice sociale et d’équilibre territorial. Il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de réinvestir massivement dans le logement social, pour répondre à l’urgence actuelle et préparer l’avenir, c’est tout l’enjeu des travaux de la commission logement de l’APVF.