MaPrimeRénov’ fragilisée : quelles conséquences pour les petites villes ?

2 octobre 2025

La réouverture du guichet MaPrimeRénov’ le 30 septembre dernier aurait pu être une bonne nouvelle. Mais pour les élus et habitants des petites villes, elle s’accompagne surtout d’une profonde inquiétude. Limitation à 13 000 dossiers d’ici fin 2025, plafonds de travaux abaissés à 30 000 ou 40 000 euros maximum, contre 70 000 € auparavant, et disparition du bonus de 10 % pour la sortie de passoire thermique : autant de reculs qui fragilisent le dispositif.

Ces restrictions interviennent après plusieurs coupes successives. En 2024, le budget alloué à MaPrimeRénov’ avait déjà été réduit, passant de 5 à 3,5 milliards d’euros. L’été dernier, le dispositif avait même été suspendu pour les nouvelles demandes de rénovation globale, faute de crédits suffisants face à l’afflux de dossiers : près de 70 000 avaient été déposés sur le seul premier semestre 2025.

Or, les besoins restent immenses. Sur près de 37 millions de logements en France, 7 millions sont considérés comme des passoires thermiques (étiquettes F ou G). Dans les petites villes, où la part du bâti ancien est plus importante qu’ailleurs souvent plus de 50 % du parc a été construit avant 1975, la rénovation énergétique est un enjeu de première nécessité. Ces logements, mal isolés, pèsent lourdement sur le budget des ménages modestes et accentuent la précarité énergétique, qui touche déjà près de 12 millions de Français.

Au-delà des ménages, c’est l’avenir même des centres-bourgs qui se joue. Réhabiliter le bâti ancien, c’est préserver le patrimoine, renforcer l’attractivité résidentielle et commerciale, et contribuer à la revitalisation de nos territoires. Sans moyens financiers à la hauteur, il est à craindre que les petites villes voient s’éloigner les objectifs nationaux de transition énergétique.

Dans ce contexte, le débat sur la gouvernance des aides s’ouvre. Le 30 septembre, Intercommunalités de France a présenté une proposition de loi visant à expérimenter la décentralisation de MaPrimeRénov’. L’idée : confier pendant deux ans aux intercommunalités et départements volontaires, disposant d’un programme local de l’habitat, la compétence de rénovation énergétique à la place de l’État. Objectif affiché : simplifier le parcours des ménages grâce à un « guichet unique de proximité », mieux articuler les aides et rendre la gestion « plus simple, plus efficace et moins coûteuse ». Concrètement, les collectivités pourraient définir les critères d’éligibilité aux aides et agréer directement les opérateurs et accompagnateurs de travaux, avec une partie des crédits nationaux transférés à ce niveau.