Covoiturage à la demande : une solution d’avenir pour les petites villes ?

27 novembre 2025

Face aux défis croissants de la mobilité dans les territoires, le covoiturage à la demande apparaît comme un levier complémentaire aux réseaux de transport existants. La Commission Mobilités de l’APVF a consacré sa séance du 26 novembre à ce sujet, en présence de Sylvain Laval, maire de Saint-Martin-le-Vinoux et représentant Mobilités de l’APVF, ainsi que d’Adrien Tahon, Senior Vice President de BlaBlaCar, accompagné de son équipe.

BlaBlaCar : état des lieux et enjeux

BlaBlaCar, aujourd’hui forte de plus de 100 millions d’utilisateurs dans le monde, rappelle la portée environnementale du covoiturage longue distance :

  • 2,5 millions de tonnes de CO₂ évitées,

  • 87 % des sièges proposés en dehors des 500 axes les plus fréquentés, ce qui souligne l’intérêt du covoiturage pour les territoires moins denses.

Les intervenants ont mis en lumière la fracture territoriale qui touche les zones rurales et périurbaines :

  • 20 millions de Français vivent dans des territoires où l’offre de transport est insuffisante ;

  • 85,3 % d’entre eux se situent à plus de 10 minutes d’une gare ;

  • Faute d’alternative, près de 80 % des trajets en zones peu denses se font en voiture individuelle.

Cette réalité renforce des inégalités : dans les zones rurales, la mobilité représente 16 % des dépenses des ménages, contre 12 % en zone urbaine. Elle pèse également sur l’attractivité des petites villes : 38 % des jeunes citent le manque de mobilité comme frein à leur installation.

Définir le covoiturage : une réflexion nécessaire

L’intervention de BlaBlaCar a ouvert un débat sur la définition même du covoiturage, notamment dans le contexte législatif français encadré par la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM). Aujourd’hui, la réglementation s’appuie sur l’idée que le conducteur effectue le trajet pour son propre compte, ce qui exclut certains trajets ponctuels ou non planifiables.

Un exemple intéressant vient d’Espagne, où le covoiturage est défini comme des trajets partagés à titre non onéreux, ce qui permet d’intégrer davantage de pratiques de mobilité émergentes. Une réécriture de la définition française permettrait d’élargir le champ d’action du covoiturage à la demande, tout en respectant le principe fondamental : pas de rémunération supplémentaire pour le conducteur.

Expériences locales et perspectives

Yannick Douls, représentant de la communauté de communes Millau Grands Causses en Occitanie, a souligné que les dispositifs de covoiturage fonctionnent particulièrement bien sur le trajet domicile–travail.

Les échanges ont également porté sur les expérimentations menées par certaines Autorités Organisatrices de la Mobilité (AOM) et sur les travaux engagés avec le GART (Groupement des Autorités Responsables de Transport). L’enjeu : tester de nouveaux cadres et adapter les solutions au plus près des besoins locaux.

Tous les participants se sont accordés sur un point : il ne s’agit pas d’opposer les solutions mais de construire un véritable millefeuille de mobilités, combinant transport collectif, covoiturage, mobilités douces et services innovants pour répondre à la diversité des usages.