Bilan 2025-2035 de RTE : la France au défi de l’électrification

11 décembre 2025

Le Bilan prévisionnel 2025 de RTE analyse l’évolution du système électrique français jusqu’en 2035 et met en évidence une situation atypique : une abondance d’électricité bas-carbone, issue de la bonne disponibilité du parc nucléaire, du retour à des niveaux normaux de l’hydraulique et de la croissance des énergies renouvelables, alors que la demande progresse trop lentement.

Cette combinaison crée une surcapacité temporaire qui pourrait devenir un atout, mais qui risque d’être durable si l’électrification ne s’accélère pas.

RTE note que la consommation reste inférieure aux niveaux d’avant la crise sanitaire. Les économies d’énergie, la sobriété induite par la crise de 2022 et un niveau d’activité industrielle hétérogène expliquent cette hausse limitée. La faiblesse de la demande contraste avec une production robuste, ce qui conduit le rapport à souligner que l’électrification des usages avance aujourd’hui trop lentement pour absorber pleinement l’offre bas-carbone et pour aligner le pays sur ses objectifs climatiques.

La France dans une position avantageuse pour s’électrifier

Le document présente deux trajectoires principales. La première, dite de « décarbonation rapide », suppose une accélération marquée de l’électrification dans l’industrie, les bâtiments, le transport et l’hydrogène. Elle conduirait la demande autour de 510 TWh en 2030 et près de 580 TWh en 2035. Cette trajectoire est la seule compatible avec les ambitions climatiques, car elle maximise le remplacement des énergies fossiles. RTE souligne toutefois que le rythme d’électrification constaté actuellement est trop faible pour garantir l’atteinte d’un tel scénario sans mesures additionnelles.

La seconde trajectoire, de « décarbonation lente », prévoit une consommation plus modérée : environ 470 TWh en 2030 et légèrement plus de 500 TWh en 2035. Elle reflète un développement insuffisant des projets industriels électro-intensifs, un retard dans la production d’hydrogène bas-carbone et une progression plus faible dans les usages résidentiels et tertiaires. Selon RTE, suivre cette trajectoire compromettrait les objectifs climatiques nationaux et européens et laisserait persister une partie de la surcapacité actuelle.

Le rapport insiste sur les dynamiques sectorielles. L’industrie représente le principal potentiel de croissance, mais la concrétisation des projets reste lente. Les datacenters constituent un autre poste de consommation croissant, sans toutefois compenser le retard global des autres usages. Quant à l’hydrogène, son développement reste incertain, avec un écart notable entre les annonces et les projets prêts au raccordement.

L’enjeu de l’électrification des usages

Pour accompagner la transformation future, RTE prévoit une montée en puissance de ses investissements, sans chiffrage global de long terme dans ce bilan, mais en soulignant la nécessité d’adapter rapidement le réseau : modernisation d’infrastructures existantes, création de nouvelles liaisons, raccordement des énergies renouvelables — notamment l’éolien en mer — et renforcement des capacités d’accueil pour les grands projets industriels. Le rapport met en avant que ces évolutions sont indispensables pour soutenir une électrification accrue, et non l’inverse.

Le bilan mentionne également les besoins croissants en flexibilité, en stockage et en pilotage. La variabilité des renouvelables et la montée des usages industriels demandent de renforcer l’ensemble des mécanismes d’équilibrage. Le nucléaire reste déterminant pour sécuriser les pointes hivernales, mais son rôle doit s’articuler avec une montée en puissance des autres moyens pilotables et de la flexibilité.

Les risques identifiés incluent : une électrification qui demeurerait insuffisante, des retards de raccordement, la non-réalisation de projets industriels et une coordination imparfaite entre acteurs publics et privés. À l’inverse, une électrification réellement accélérée permettrait de transformer la surcapacité actuelle en un avantage compétitif et climatique.

En conclusion, le Bilan prévisionnel 2025 place la France devant une opportunité : disposer d’un excédent bas-carbone aujourd’hui. Mais cet excédent n’aura de valeur stratégique que si la dynamique d’électrification — actuellement jugée trop lente — s’intensifie rapidement.

RTE est partenaire de l’Association des Petites Villes de France.

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