3 questions à…Alain Di Crescenzo, Président de CCI France

18 décembre 2025

Dans un contexte de compétition entre territoires pour attirer l’installation d’entreprises, La Lettre des Petites Villes pose cette semaine 3 questions à Alain Di Crescenzo, Président de CCI France, sur les interactions entre entreprises et territoires en cette fin de mandat.

1/ Les CCI sont des acteurs incontournables du développement économique des territoires. Quelle est votre réaction suite au dépôt du projet de loi de finances, même si celui-ci est amené à évoluer ? 

Projet de Loi de Finances pour 2026, tel que présenté par le Gouvernement, prévoit une nouvelle réduction drastique du budget des CCI, à hauteur d’un tiers de des moyens qu’elles reçoivent de l’Etat. Il est non seulement incompréhensible, mais il est surtout un contresens économique inacceptable. En pleine période de fragilité des entreprises, marquée par un nombre croissant de défaillances, affaiblir le réseau public de proximité qui est en première ligne pour les accompagner serait une grave erreur. Après avoir déjà absorbé une baisse de 61% de ces mêmes ressources depuis 2013, cette nouvelle baisse, qui aboutirait à supprimer 3 000 emplois et mettrait en difficultés financières graves les 2/3 des CCI, détruirait notre capacité d’action essentielle pour l’accompagnement des TPE/PME (développement des volants d’affaires, transitions numérique et environnementale, internationalisation, recrutement, formation, transmission, …) et l’attractivité des territoires. Avec le soutien de l’ensemble des groupes politiques, associations d’élus locaux et des organisations patronales, nous espérons parvenir au rétablissement de la trajectoire budgétaire négociée avec l’Etat il y a deux ans et qui prévoit déjà des prélèvements sur les fonds de roulements des CCI (soit 100 M€ entre 2024 et 2027). Je suis confiant quant à la suite des débats parlementaires qui permettront, j’en suis convaincu, de la respecter.

2/ Les entreprises comme les collectivités font face à l’instabilité politique nationale. Quelles coopérations au niveau local pourraient être imaginées pour y faire face ? 

Face aux incertitudes nationales et internationales qui touchent les entreprises, le réseau des CCI agit : l’instabilité ne se combat pas avec des promesses, mais par l’ancrage et l’action dans la proximité. Dans chaque territoire, les CCI jouent un rôle d’amortisseur et de facilitateur entre entreprises, collectivités et acteurs publics. Nous avons ainsi plus de 900 partenariats entre CCI et collectivités qui permettent d’irriguer ces liens au quotidien. Renforcer ces coopérations, ces alliances, c’est soutenir le dynamisme local : mieux prendre en compte des besoins des entreprises dans l’aménagement du territoire, éclairer l’action publique par des travaux et outils d’observation économique, assurer localement la présence d’organismes de formation, moderniser les infrastructures, simplifier les démarches pour les entrepreneurs, lutter contre la vacance commerciale, favoriser la reprise d’une entreprise ou encore faire (re)naître des filières industrielles. Grâce à la connaissance de terrain des CCI sur l’ensemble de ces sujets, elles sont un outil pour les élus locaux afin de construire des pactes territoriaux de confiance au service de la résilience des territoires.

3/ A l’approche d’un nouveau mandat municipal, quels sont les principaux enjeux des entreprises à l’horizon 2030 ? Comment les maires peuvent-ils les accompagner pour y faire face ? 

À l’horizon 2030, les entreprises affronteront de nombreux défis : croissance, compétitivité, transition écologique, digitalisation des activités, adaptation des compétences mais aussi résilience face aux crises – géopolitiques, climatiques… Les maires, en tant que premiers acteurs de proximité, ont un rôle direct pour créer un environnement favorable au développement économique. Tout l’enjeu sera pour eux de faire émerger des écosystèmes locaux, avec les CCI bien sûr, mais aussi avec l’Etat et ses opérateurs ainsi que les entreprises elles-mêmes. Car dynamiser un territoire nécessite d’une part de dépasser les logiques d’acteurs et d’autre part de mobiliser l’ensemble des politiques publiques à la main des élus : le logement, l’aménagement et la gestion du foncier, les transports, la formation et l’éduction, etc. Dans ce contexte, je m’en porte garant : les CCI seront aux côtés des élus locaux. C’est tout le sens des liens que nous entretenons au national avec les associations d’élus locaux, dont l’APVF bien sûr, ainsi que des partenariats locaux que nous appelons de nos vœux à tous les niveaux afin de maximiser l’impact de l’action publique au service des entreprises et des territoires.