Solitudes, fragilités, bienveillance : les petites villes au front du lien social

17 juin 2025

Lors de la table ronde consacrée au défi démographique et à la bienveillance, lors des Assises de l’APVF à Saint-Rémy-de-Provence, les élus et acteurs associatifs ont esquissé une géographie de la solitude, des fragilités, mais aussi de l’engagement.

Philippe Da Costa, Président de la Croix-Rouge française et grand témoin de la séquence, a donné le ton : « Nous ne sommes plus dans une période de transition, mais dans une période de rupture. » La multiplication des crises – parfois invisibles, comme celles de la santé mentale ou de la biodiversité – oblige les maires à jouer un rôle vital, en première ligne. Face à l’ampleur des défis, il propose deux leviers : d’un côté, rendre les citoyens acteurs – « l’élan du premier kilomètre » – ; de l’autre, s’appuyer sur une nouvelle dynamique de l’engagement, marquée par un recul chez les seniors post-Covid mais une montée en puissance des jeunes. L’intergénérationnel devient alors un outil structurant. Le prochain mandat, prévient-il, devra faire de l’isolement social un enjeu central.

Yann Lasnier, délégué général des petits frères des Pauvres, enfonce le clou : 530 000 personnes de plus de 60 ans sont aujourd’hui en situation de mort sociale. Un chiffre qui continue de grimper. Il appelle les maires à jouer leur rôle pour prévenir les drames invisibles, ceux des morts solitaires. Pourtant, paradoxalement, les plus de 60 ans représentent aujourd’hui 60 % des élus municipaux. Il faut, dit-il, « refonder un récit sur les seniors, comme ressources et non comme charges ».

Nathalie Nieson, maire de Bourg-de-Péage et vice-présidente trésorière de l’APVF, observe que ce travail ne peut se faire que dans la proximité. Et dans la continuité. Elle évoque les dispositifs d’écoute, la lutte contre la fracture numérique, le besoin de services adaptés aux rythmes des personnes âgées. Elle insiste aussi sur la qualité du lien, plus que sur la quantité de dispositifs.

Dans ce tableau, Sébastien Eugène, maire de Château-Thierry, apporte un autre éclairage. Chez lui, l’attractivité est réelle – « des gens viennent s’installer par choix, mais aussi par nécessité, parce qu’ils ne peuvent plus se loger en région parisienne » – mais cela bouscule les équilibres. Il explique le besoin de penser la ville comme amie de nos aînés, pour maintenir les personnes âgées à domicile. C’est un enjeu clé, et c’est une responsabilité du Maire, rappelera-t-il.

Une table ronde tout en gravité, mais sans fatalisme. Tous l’ont dit à leur manière : les petites villes n’ont pas les moyens d’attendre. Elles agissent. Et elles rappellent que dans un pays en crise, la bienveillance n’est pas une option : c’est une politique publique.