Loger et habiter : les petites villes cherchent l’équilibre

17 juin 2025

Construire plus, oui. Mais surtout construire mieux. Le titre de la troisième table ronde sonne comme une injonction, une équation impossible. Et pourtant, les élus présents s’accordent : les petites villes doivent redevenir des territoires de projet, où l’acte de bâtir retrouve sa légitimité — mais jamais contre les habitants, ni contre la planète.

À Cassis, ville balnéaire, Danièle Milon, sa maire, voit chaque jour cette tension prendre corps : celle entre attractivité touristique et pénurie de logements pour les habitants. « Il faut réguler les meublés de courte durée sans renier l’attractivité qui fait vivre nos territoires. » L’enjeu est d’autant plus aigu que la flambée des loyers fait reculer l’accès au logement pour les actifs et les jeunes ménages.

À Villepreux, dans les Yvelines, Jean-Baptiste Hamonic affronte une autre facette du même dilemme : 75 % de son territoire est inconstructible. Il faut alors assumer une parole politique claire pour défendre des opérations de densification choisies, concertées. « La densification est notre meilleur allié pour préserver nos sols et répondre à la crise du logement. » Il rappelle une statistique glaçante : un quart des jeunes couples renoncent à avoir un enfant faute de pouvoir se loger dignement. Le logement n’est pas qu’une politique d’urbanisme, c’est une politique de vie.

Du côté des professionnels, Philippe Bertucci, président de la chambre PACA-Corse de l’UNAM, insiste : les aménageurs sont eux aussi en mutation. Leurs métiers évoluent, tout comme les attentes des territoires. Les petites villes, avec leur taille humaine et leur lien au sol, peuvent devenir les laboratoires d’un urbanisme de la transition, à condition d’en faire un vrai projet partagé.

C’est ce que confirme Nicolas Godet, directeur général de Point P, qui évoque les 1 000 points de vente de l’entreprise, maillés au cœur des villes. « Nous voyons au quotidien que le logement est à la croisée de tous les enjeux : écologiques, sociaux, économiques. Mais rien ne se fera sans les artisans. » L’ancrage local reste la clé : c’est sur ce socle que pourra se reconstruire la confiance autour du logement.