Services des urgences : un plan nécessaire mais insuffisant

12 septembre 2019

Agnès Buzyn a détaillé le 10 septembre un « pacte de refondation » de 750 Millions d’euros sur trois ans. Cette somme n’est pas ajoutée au budget de la santé, mais il s’agit d’une réaffectation de crédits existants pour financer le désengorgement des urgences. Elle souhaite notamment la mise en place d’un numéro d’urgence d’ici à l’été 2020 et réduire l’afflux de personnes âgées aux urgences.

Parmi les mesures présentées, la création d’un « service d’accès aux soins », dit SAS : un service en ligne ou par téléphone 24/24 et 7/7 qui orientera le patient vers un médecin de ville, les urgences ou une téléconsultation. Cette mesure coutera 340 Millions d’euros et sera en place « à l’été 2020 ». La décision de savoir si un numéro unique viendrait remplacer tous les numéros existants n’a pas été prise. Par ailleurs, la Ministre souhaite renforcer les consultations médicales sans rendez-vous, y compris en installant une maison de santé à côté des plus importants services d’urgence. En outre, elle propose un parcours dédié pour les personnes âgées afin qu’il y ait pour eux « zéro passage par les urgences », ce qui devrait solliciter les EHPAD davantage. Enfin, la Ministre a annoncé la réforme de financement des urgences en 2021 afin de réduire la tarification à l’activité et d’instaurer l’enveloppe forfaitaire, dépendant entre autres, de la population prise en charge. Elle propose dans ce cadre d’expérimenter aussi un forfait d’organisation de parcours pour désengorger les urgences, testé dans une vingtaine d’établissements. Enfin, outre une prime de 100 euros nets mensuels versée aux assistants de régulation médicale à compter de novembre, Madame Buzyn a annoncé le développement des protocoles permettant la prise en charge par les kinésithérapeutes ou les pharmaciens.

Pour les représentants syndicaux, cette somme « est une goutte d’eau dans l’océan », eu égard à l’état de crise des urgences et des hôpitaux de manière générale. Par ailleurs, ils pointent la question « de savoir d’où vont venir ces financements. Car si c’est pour déshabiller un autre service, cela revient à transférer le problème ». Le collectif Inter-Urgences, à l’origine de la contestation regrette que ses trois mots d’ordre à savoir moratoire sur la fermeture des lits en aval, augmentation de 300 euros mensuels, et création de 10 000 postes supplémentaires n’ont que très partiellement été entendus. Seul le moratoire sur la fermeture semble avoir les faveurs de la Ministre, mais elle y fixe des conditions, sans évoquer des ouvertures de lits.

Certains ont avancé l’idée d’imposer aux jeunes médecins un exercice dans les déserts médicaux, mais la Ministre souhaite l’éviter et les syndicats de médecins généralistes refusent.