Philippe Le Goff : “La solidarité s’organise entre collectivités quand les difficultés sont là pour l’une d’entre elles”

9 avril 2020

Philippe Le Goff, Maire de Guingamp dans les Côtes d’Armor (7 000 habitants), répond à nos questions sur la gestion de la crise sanitaire dans sa commune.

 

Quelle est la situation sanitaire sur votre territoire (cas confirmés, situation des hôpitaux et des personnels soignants) ?

Aujourd’hui le territoire des Côtes d’Armor est plutôt préservé en termes de personnes comptabilisées par la maladie. Dans le Département, Guingamp fait partie des secteurs où l’on recense peu de cas.

Tout cela nous a laissé le temps d’organiser des protocoles d’accueil des malades distincts et cette anticipation nous permet aujourd’hui d’aborder les choses avec lucidité.

136 personnes résidant dans les Côtes-d’Armor sont comptabilisées aujourd’hui par l’ARS.

Pour ce qui est de l’EHPAD, nous avons réalisé un confinement des résidents et nous avons pu préparer une unité spécifique confinement COVID, dans le cas où des résidents s’avéreraient touchés par le virus. Dans cette unité, l’accueil se fait en cas de suspicion, en attendant la réalisation de tests le cas échéant.

Les difficultés que nous rencontrons sont plutôt au niveau des services d’aide à domicile qui ne trouvent pas des moyens de protection suffisants, concernant les masques notamment. Une véritable anxiété existe pour ces personnels.

 

Comment sont mobilisés vos agents municipaux dans cette période de crise ?

Un plan de continuité d’activité a été élaboré conjointement avec les chefs de service les 13 et 16  mars et examiné en CHSCT le 16 mars. Ce plan de continuité est réexaminé et actualisé tous les 15 jours à l’issue d’une réunion avec les chefs de service. Il a été déterminé 3 catégories de missions: celles pouvant être reportées, les missions essentielles, et celles, nouvelles, générées par la crise. Nous avons suivi cette méthodologie, service par service.

Ainsi, l’accueil des usagers est limité ou sur rendez-vous et des conditions d’accès aux services sont imposées.

Les personnels doivent assurer une continuité de service sur le lieu de travail en équipes restreintes et en roulement afin d’éviter le plus de contact entre eux.  Gestes barrières et limites de distanciation doivent être respectés. Une grande vigilance est apportée afin de veiller à la mise à disposition de gel hydroalcoolique dans les services et pour le public.

Le télétravail au sens du décret n’étant pas possible, du fait de l’inadaptation du système informatique,  nous avons demandé aux personnels qui ne sont pas en présentiel d’apporter du travail à domicile. En cas d’impossibilité, les personnels sont confinés à leur domicile. Les personnels qui ne sont pas physiquement au travail sont placés en autorisation spéciale d’absence et ne bénéficient pas de droit RTT ni de chèques déjeuner. Les personnes qui travaillent à domicile ne doivent pas faire plus de 35 heures/semaine.

Chaque service a ensuite défini un planning de ses agents en tenant compte bien entendu des personnes souffrant de pathologies particulières ou confrontées à des problèmes de garde d’enfant.

 

Avez-vous le sentiment que les mesures de confinement sont correctement respectées et acceptées par vos administrés ?

La discipline est aujourd’hui de mise, après une première période de mise en œuvre. Les contrôles de gendarmerie que nous avons faits avec un suivi médiatique de ceux-ci nous ont permis d’informer la population. Ensuite, une période de verbalisation a amené clairement nos concitoyens à ne pas vouloir s’exonérer des règles d’usages. Aujourd’hui, cette discipline est remarquable dans tous les secteurs du quotidien.

Toute la difficulté sera dorénavant d’appréhender la période de fin de confinement et la compréhension par nos concitoyens des nouvelles règles qu’ils auront à s’approprier. Bien entendu, cet exercice de confinement est d’autant plus difficile dans les collectifs.

 

Avez-vous mis en place des mesures supplémentaires par rapport à celles annoncées par le Gouvernement pour assurer la sécurité sanitaire ?

Non, nous essayons, dans la mesure du possible, d’être réactifs et de mettre en œuvre dans des délais raisonnables, les règles édictées par le Gouvernement.

 

Comment organisez-vous la solidarité sur votre territoire, notamment à l’égard des personnes fragiles et isolées ?

Comme partout ailleurs, il existe un véritable élan, avec une volonté de prendre soin des autres. Dans un premier temps, toute la difficulté a été de faire en sorte que ces bonnes volontés ne fassent pas prendre de risques à nos concitoyens. Faire prévaloir la règle du confinement était aussi important pour les aidants potentiels. Concernant l’approvisionnement alimentaire, nous avons essayé de faire un état des lieux des prestataires de livraison à domicile et de nos administrés.

Nous avons mis en place un accueil téléphonique pour les personnes par l’intermédiaire du CCAS.

Concernant l’aide alimentaire d’urgence, nous avons travaillé avec les associations caritatives pour donner des stocks suffisants aux bénéficiaires et veiller à organiser au mieux la distribution.

 

Des formes de solidarité existent-elles entre les collectivités de votre territoire ?

Certainement, les contacts sont plus nombreux et les échanges de bonnes pratiques également. En tant que ville centre, nous sommes souvent sollicités pour cette expertise. Le don de produits de masques de gel hydroalcoolique se fait. La solidarité s’organise quand les difficultés sont là, et aucune collectivité ne s’auto censure pour demander l’appui d’une autre.

 

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