3 questions à Anne-Catherine de Tourtier, Présidente de France Renouvelables

14 mars 2024

Anne-Catherine de Tourtier, Présidente de France Renouvelables, partenaire de l’APVF, répond cette semaine aux questions de la lettre hebdomadaire des petites villes. 

1) France Energie Eolienne devient France Renouvelables, pouvez-vous revenir pour les petites villes sur ce qu’implique cette évolution ?

En septembre dernier, notre association regroupant les professionnels des énergies renouvelables électriques s’est transformée pour devenir France Renouvelables. Nous représentons désormais les filières éolienne et photovoltaïque.

Si la France veut atteindre la neutralité carbone et sortir rapidement des énergies fossiles qui composent encore 60% de notre mix énergétique, nous devons développer très fortement les énergies renouvelables.

La sobriété et l’efficacité énergétique nous permettront de réduire significativement notre consommation globale d’énergie. L’électricité, qui ne représente que 25% de notre mix aujourd’hui, est en revanche amenée à croitre fortement. C’est le phénomène d’électrification des usages dans le secteur résidentiel, mais aussi et surtout dans le domaine des mobilités et de l’industrie.

Nous devons donc produire plus d’électricité bas carbone. Le nouveau nucléaire pourra répondre en partie, et seulement en partie, à ce besoin à l’horizon 2035/2040. D’ici là, seuls l’éolien (en mer et sur terre) et le photovoltaïque, déployables rapidement, peuvent nous permettre de répondre à l’augmentation des besoins électriques.

S’agissant du photovoltaïque, les très petites installations et le solaire en toiture ne suffiront pas, en particulier si nous souhaitons conserver des coûts compétitifs et donc in fine protéger le pouvoir d’achat des consommateurs.

Les énergies renouvelables électriques sont variables. La production varie selon les conditions météos. Elles sont néanmoins prévisibles et donc pilotables. L’augmentation de la part de renouvelables électriques doit nous amener à travailler, encore davantage, sur la pilotabilité globale du système électrique, en s’appuyant notamment sur les flexibilités et le stockage. C’est le sens de notre évolution récente.

 

2) La loi d’accélération des renouvelables donne un rôle crucial aux élus locaux pour la planification énergétique, notamment via la définition de zones d’accélération, comment vos adhérents appréhendent ils ce changement ?

France Renouvelables salue le rôle majeur confié aux élus locaux par la loi dans la planification territoriale des énergies renouvelables. Les élus locaux sont désormais, aux côtés de l’Etat et des porteurs de projet, co-responsables de la transition énergétique. Je pense en particulier à la possibilité donnée aux maires de créer des zones d’accélération sur leur commune.

Nous avons toujours défendu l’implication des élus dans le développement des projets d’énergie renouvelables. C’est pour nous une condition de la réussite. Les zones d’accélération sont un outil supplémentaire qui pourra nous permettre d’atteindre les objectifs de la Stratégie Française sur l’énergie et le climat. Nous savons aussi que la définition de ces zones peut s’avérer parfois délicates, notamment sur la considération de certaines contraintes techniques et réglementaires. Nous savons aussi que les petites villes et les territoires ruraux manquent cruellement d’ingénierie. C’est la raison pour laquelle nous travaillons avec un certain nombre d’acteurs locaux pour accompagner les élus locaux. Le CEREMA et l’IGN ont réalisé un portail cartographique à destination des élus. Les équipes de proximité d’Enedis accompagnent de nombreux élus locaux dans ces démarches. Nos adhérents et nos délégations régionales sont également à la disposition des associations d’élus et des communes pour fournir de l’expertise.

Cette planification, si elle est essentielle, ne peut pas être l’unique moment de dialogue entre les territoires et les développeurs.  Les adhérents de France Renouvelables restent engagés pour assurer une pleine concertation avec les élus et les habitants des petites villes tout au long des projets. Ils accentuent la mobilisation de leur force pour favoriser l’appropriation des énergies renouvelables électriques, maximiser les retombées territoriales pour les collectivités et les riverains et pour permettre une participation plus active encore des petites villes dans les projets.

 

3) Plus globalement, quelle vision porte France Renouvelables au regard des enjeux posés par le projet de Stratégie Française pour l’Energie et le Climat (SFEC) actuellement en consultation publique ?

Les objectifs quantitatifs présentés dans le projet de Stratégie Française pour l’Energie et le Climat (SFEC) sont cohérents définis en concertation avec les filières, les associations d’élus et les associations environnementales, ils sont fondés sur les travaux prospectifs de RTE.  Il est désormais essentiel de parvenir à atteindre ces objectifs et à déployer rapidement les projets d’énergies renouvelables électriques.

Les procédures d’instruction sont encore lentes et complexes. En moyenne, il faut 4 à 5 ans pour développer un parc photovoltaïque au sol et 7 ans pour un projet éolien. C’est plus long que chez la plupart de nos voisins européens. Nous devons faire mieux et accélérer ce déploiement. C’est la raison pour laquelle, France Renouvelables dans sa contribution à la SFEC, a formulé un certain nombre de propositions opérationnelles pour y parvenir.

Je pense notamment à des propositions en lien avec le renforcement de l’excellence opérationnelle en phase d’instruction par les services de l’Etat, la simplification et l’accélération des procédures de renouvellement de parcs en fin de vie ou encore de créer des mécanismes permettant un rééquilibrage territorial du développement des EnR.

Au-delà de ces propositions, nous sommes certains que nous ne réussirons pas la transition énergétique sans les territoires et les élus locaux ! Cette transition énergétique est aussi une opportunité majeure de développement des territoires.