3 questions à … Jean-Marc Zulesi, député, Co-président de France Mobilités

4 février 2021

Jean-Marc Zulesi, Député des Bouches du Rhone, co-président de France Mobilités, répond aux 3 ? à de l’APVF et présente le rôle de France Mobilités dans le programme Petites Villes de Demain.

Quelle est la place des enjeux de mobilité dans la revitalisation des petites villes ?

La revitalisation des petites villes et la mobilité sont intrinsèquement liées.

La loi d’orientation des mobilités (LOM) a lancé une évolution profonde pour la mobilité du futur, une mobilité plus proche des territoires car pensée par eux. La crise sanitaire a bien sûr ralenti ces évolutions mais l’ambition comme la mobilisation des parties prenantes restent intactes. Pour les 110 mesures réglementaires d’application de la loi qui ne sont pas en application différée, près des 2/3 sont publiées ou en cours de publication : nous avançons !

Sous l’impulsion de la LOM, les communautés de communes qui le souhaitent peuvent se saisir de la compétence AOM (autorité organisatrice de la mobilité). Elles ont jusqu’au 31 mars pour le décider, sinon la région prendra la compétence et l’exercera pour elles. Il y a là un enjeu de gouvernance du territoire sur la question des mobilités du quotidien : nous devons penser la mobilité à l’échelle des bassins de vie et des bassins d’emploi. Pour le milieu rural comme pour les petites villes, la mobilité accrue de nos concitoyens représente un atout considérable. Déjà parce qu’elle génère des revenus qui irriguent les territoires indépendamment de leurs propres capacités mais aussi car cette mobilité permet de valoriser des avantages culturels et environnementaux et donc de développer de nouveaux atouts.

C’est parce que la mobilité du quotidien est, sans mauvais jeu de mots, le véhicule vers la redynamisation des territoires que cette thématique est un des 5 axes du programme Action Cœur de villes : les dynamiques territoriales et les revitalisations passent par la mobilité du quotidien, car celle-ci est structurante pour les habitants et les acteurs économiques. Ce programme est pensé pour les villes mais la mobilité doit se penser à une échelle de proximité plus large. C’est pour cela que l’échelle de l’EPCI est très intéressante.

Face à la crise sanitaire que nous traversons depuis maintenant un an, les enjeux de mobilité sont plus que jamais cruciaux pour les petites villes. Alors que nombre de nos concitoyens s’interrogent sur leurs déplacements, leur lieu de vie, leur lieu de travail, les territoires doivent saisir l’opportunité que leur offre la LOM et s’engager dans la compétence AOM, véritable opportunité de dynamisme et de revitalisation.

  1. Comment France Mobilités compte s’engager dans le programme petites villes demain sur ce volet ?

France mobilités est le bras armé de la loi d’orientation des mobilités et nous avons vocation à accompagner les collectivités avec tous les outils à disposition. L’offre de services France mobilités est une mesure de l’agenda rural depuis le dernier comité interministériel à la ruralité qui date du mois de novembre 2020. Cette offre de service s’appuie sur trois piliers : l’ingénierie territoriale avec des cellules régionales composées d’experts de l’Ademe, du Cerema, de la Banque des territoires et des DREAL et DDT ; une mise à disposition d’outils de gestion adaptés aux projets de mobilité, notamment une cartographie de toutes les ressources financières disponibles ; une mise en lumière de ces projets grâce à la plateforme France Mobilités qui recense toutes les initiatives mais propose aussi des pages dédiées aux communes concernées par Petites Villes de Demain ou par les contrats de relance et de transition écologique.

Notre appel à manifestation d’intérêt France mobilité Tenmod a déjà accompagné 92 territoires sur la stratégie et la planification territoriale de leur mobilité. Cet appel à manifestation reste d’ailleurs ouvert jusqu’à mi-avril pour le pré-dépôt et jusqu’au 31 mai 2021 pour le dépôt final.

France Mobilités travaille étroitement avec le programme petites villes de demain. Cette collaboration est une formidable opportunité alors que nous entrons en ce moment même dans une phase opérationnelle de réponse aux enjeux de mobilité durable pour les citoyens de tous types de territoires. En janvier, à l’occasion de l’anniversaire de la LOM, nous avons notamment organisé une série de webinaires France Mobilités – Petites Villes de Demain autour des enjeux de la prise de compétence mobilité.

  1. Plus globalement, comment voyez-vous la mobilité de demain dans les territoires ?

Nos modes de vie sont en plein bouleversement, un changement qui s’accélère avec la crise sanitaire que nous traversons : nous devons penser la mobilité de façon à ce qu’elle puisse résister aux crises et faciliter la résistance à leurs conséquences.

Les comportements humains changent et nous assistons à la renaissance de la mobilité de proximité. Au sortir de la crise, nous ne pourrons plus penser les déplacements comme avant.

La mobilité de demain, je la conçois d’une part comme une mobilité intelligente qui s’appuiera sur la data. La LOM prévoit que toutes les informations sur les offres disponibles en temps réel soient rendues publiques et mises à disposition, d’ici fin 2021, sur tous les territoires. L’open-data, quant à elle, permettra aux collectivités, startups et acteurs innovants de développer de nouveaux services et applications permettant l’accès aux informations utiles pour les voyageurs. C’est la clé d’une mobilité plus simple, plus accessible.

D’autre part, l’ouverture des données permettra la mise en place de solutions de mobilités intermodales comme les pôles d’échanges multimodaux, lieux d’échanges où se connectent différents modes de transports : train, métro, bus, navettes autonomes, vélos, etc.

La mobilité de demain sera bien sûr bâtie sur de nombreuses innovations technologiques mais je suis persuadé que cette mobilité du futur sera surtout une innovation sociale. Nous devons en faire le symbole de la transition écologique dans laquelle notre pays s’engage un peu plus chaque jour. Cette transition écologique est un atout pour nos territoires : la renaissance du fret ferroviaire comme la redynamisation des petites lignes sont des opportunités formidables de création d’emplois et de dynamisation des territoires.