Accès aux soins : la Fédération Hospitalière de France publie son baromètre

21 mars 2024

Quatre ans après le début de la pandémie de Covid-19, la FHF a présenté son premier baromètre santé en partenariat avec France Info, sur le thème du recours et de l’accès aux soins. Retour sur les principaux résultats de cette publication. 

Une évolution de l’activité depuis 2020 qui soulève des inquiétudes en termes de santé publique

 Entre 2019 et fin 2023, on constate un sous-recours cumulé de 3,5 millions de séjours hospitaliers. Si le niveau d’activité en 2023 a, au global, retrouvé le niveau observé en 2019, cette reprise cache des disparités préoccupantes dans des activités qui sont, par nature, réalisées pour l’immense majorité à l’hôpital public.

  • En médecine, on constate un sous-recours sur les prises en charge digestives (-11%), la cardiologie (-13%), le système nerveux (-11%), et la rhumatologie (-12%). Certaines catégories de la population sont plus concernées, en particulier les 45 ans et plus avec un sous-recours de – 8,4%, représentant 428 000 séjours.
  • En chirurgie, les niveaux de recours pour plusieurs chirurgie lourdes semblent diminuer significativement, en particulier les greffes en recul de 7,5 % par rapport au niveau attendu en 2023.

Cette situation a des conséquences très concrètes sur la santé des patients, avec la possibilité d’un retard pris sur la détection de certains cancers ou d’une prise en charge insuffisante pour les diabétiques de plus de 35 ans.

 

Des pistes d’explication qui posent question et appellent à un soutien accru à l’hôpital public

 L’analyse des baisses des taux de recours dans plusieurs activités est complexe et protéiforme. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour les expliquer. La baisse des taux de recours peut, dans certains cas, être due à la mise en place de nouvelles techniques ou organisations, ou à un renforcement des démarches de prévention (vaccination par exemple). D’autres hypothèses devraient interpeller sérieusement les pouvoirs publics et l’opinion.

  • En premier lieu, la possibilité d’un renoncement aux soins en hausse, ce que semble indiquer le sondage, 63 % des Français ont déjà renoncé à au moins un acte de soin au cours des 5 dernières années.
  • En second lieu, les tensions que connaît l’hôpital public en termes d’effectifs ou de solutions d’aval à l’hospitalisation peuvent conduire à ce que les capacités d’accueil ne fonctionnent pas à 100%. L’enquête montre que l’équivalent de 7% des capacités d’hospitalisation en MCO étaient fermées sur l’année 2023. Dans 6 cas sur 10, les tensions sur les effectifs étaient en cause.

 

Les fragilités du système de santé produisent renoncement aux soins et sur-recours aux urgences

À cela s’ajoute une nette hausse du recours non-optimal aux urgences publiques : 54 % des Français disent s’y être rendus au cours des derniers mois pour des raisons qui ne relevaient pas d’une urgence médicale (vs. 42 % en 2019). Ce phénomène traduit notamment le besoin de mieux organiser le lien ville-hôpital et la nécessité d’un premier recours plus fort. Dans 32% des cas, le patient est venu aux urgences faute de savoir où d’autre se rendre. Dans 30% des cas, il est venu aux urgences à la suite d’un refus de prise en charge non programmée par un médecin généraliste ou spécialiste de ville.

Cet état de fait rejaillit sur l’ensemble des services hospitaliers. Ainsi, un Français sur deux a déjà vécu un retard de soins à l’hôpital au cours des 5 dernières années ou de la difficulté à y obtenir un rendez-vous pour lui ou un proche.

Avec pour résultat un risque pour la santé de la population. Lorsqu’ils ont été confrontés à un report de soins, plus d’un tiers des Français déclarent que cela a occasionné des conséquences graves pour eux. 4 malades chroniques sur 10 partagent le constat que leur prise en charge médicale s’est détériorée depuis 2019.

 

Pour retrouver les résultats détaillés du baromètre cliquez ici