ESPACE MEMBRE

3 questions à...Catherine MacGregor, Directrice Générale d'Engie
La transition énergétique fait partie des grands défis auxquels sont confrontés les collectivités. La lettre des Petites Villes revient cette semaine sur les façons d’y faire face avec Catherine MacGregor, Directrice Générale d’ENGIE. ENGIE est un acteur majeur de la transition énergétique. Pouvez-vous nous indiquer les grandes priorités que vous vous fixez pour les années …
La transition énergétique fait partie des grands défis auxquels sont confrontés les collectivités. La lettre des Petites Villes revient cette semaine sur les façons d'y faire face avec Catherine MacGregor, Directrice Générale d'ENGIE.
- ENGIE est un acteur majeur de la transition énergétique. Pouvez-vous nous indiquer les grandes priorités que vous vous fixez pour les années à venir ?
Conformément à sa raison d’être, ENGIE agit pour accélérer la transition énergétique et s’appuie sur un alignement très fort de sa stratégie, de ses ambitions et de ses activités, vers le Net Zéro Carbone d’ici 2045.
Pour y parvenir, nous développons les renouvelables et les solutions de flexibilité comme le stockage par batteries, afin de fournir de l’électricité décarbonée à tout client qui le demande 24h/24, 7j/7.
Nous travaillons aussi à décarboner le gaz, qui sera durablement nécessaire pour un certain nombre d’usages, notamment dans le transport maritime et aérien (e-fuels), la production d’acier, de ciment. C’est l’alliance des électrons et des molécules, la combinaison entre l’électricité et le gaz décarbonés (biométhane, hydrogène et ses dérivés), qui permettra d’assurer un système énergétique fiable et compétitif.
Enfin, à l’échelle locale, ENGIE est un acteur clef des infrastructures décentralisées telles que les réseaux urbains de chaud et de froid, infrastructures essentielles pour la décarbonation des territoires et des industries.
En France, nous sommes le premier opérateur dans l’énergie éolienne et dans le solaire photovoltaïque, ainsi que le deuxième opérateur dans l’hydraulique. Nous sommes aussi le deuxième producteur de biométhane. Développer une production nationale forte, diversifiée et bas carbone grâce aux énergies renouvelables, c’est non seulement répondre au réchauffement climatique, c’est aussi garantir notre sécurité et protéger notre économie.
- Quelle est la place des petites villes dans la transition énergétique en France ?
Les petites villes sont en première ligne pour relever ce défi : en accueillant des infrastructures énergétiques sur leur territoire, tels que des parcs éoliens, des parcs solaires, des unités de méthanisation, elles jouent un rôle essentiel dans la transition énergétique de notre pays.
Nous les accompagnons également de façon très concrète, par le remplacement de leurs anciennes chaudières au fioul par du gaz naturel et de plus en plus par du biométhane, le raccordement à un réseau de chaleur biomasse ou de géothermie, la rénovation énergétique de leurs bâtiments avec des Marchés Globaux de Performance Energétique et les nouveaux contrats à paiement différé, qui échelonnent le paiement des travaux sur toute la durée du marché.
Dans un groupe comme ENGIE, ancré au cœur des territoires, avec 46 000 collaborateurs répartis dans toutes les régions, les relations avec les associations représentatives des élus comme l’Association des petites villes de France sont essentielles. ENGIE sera présent à Saint-Rémy de Provence les 12 et 13 juin.
- Les collectivités locales font face à des contraintes multiples dans leurs projets énergétiques, dont celui de l’acceptabilité… Comment le groupe ENGIE les aide-t-il à dépasser ces freins ?
L’étude IFOP que nous avons dévoilée récemment sur les attentes des Français en matière d’énergie nous montre que contrairement aux idées reçues, ils ont une bonne image des énergies renouvelables (à 84%), et cette adhésion monte même à 94% pour les riverains, preuve que la proximité renforce l’acceptabilité.
Elle n’est pas le fruit du hasard : l’une des clefs de la réussite réside dans l’appropriation de la transition énergétique par les acteurs à tous les niveaux. Pour développer un nouveau projet localement, il faut du dialogue, de la concertation, du temps pour trouver les meilleurs équilibres. Il faut aussi de la transparence et de la confiance. C’est notre démarche chez ENGIE : en nous appuyant sur notre expérience, nous avons défini une méthode mûrie avec tous les acteurs pour créer aux côtés des territoires des projets utiles à la lutte contre le changement climatique, respectueux de l’environnement et de la biodiversité, et fédérateurs localement.
Le renouvellement des parcs éoliens illustre cette concertation efficace. Par exemple, dans la petite ville de Plouarzel, dans le Finistère, les solutions que nous avons mises en œuvre pour démanteler l’ancien parc et le renouveler ont abouti à un taux de recyclage de 99,9%. Cette démarche s’est inscrite dans le projet de territoire défini avec les acteurs locaux, et nous sommes fiers du travail accompli ensemble.
Pour en savoir plus, consulter l'étude IFOP/Engie sur l'image des énergies renouvelables pour les Français
Droits photos : ENGIE / BRETON VINCENT

Petites villes de demain : une prolongation du programme à la demande des maires
93% des élus PVD demandent une reconduction du programme après 2026. C’est le résultat de l’étude menée par l’APVF auprès des élus des communes lauréates du programme PVD. Le Premier ministre François Bayrou a annoncé la prolongation du programme lors des Assises des petites villes à Saint-Rémy-de-Provence. Parmi les enseignements principaux de cette étude, 81 …
93% des élus PVD demandent une reconduction du programme après 2026. C’est le résultat de l’étude menée par l’APVF auprès des élus des communes lauréates du programme PVD. Le Premier ministre François Bayrou a annoncé la prolongation du programme lors des Assises des petites villes à Saint-Rémy-de-Provence.
Parmi les enseignements principaux de cette étude, 81 % des élus interrogés considèrent que l’apport en ingénierie les a aidés à concevoir leur projet de territoire. 90% d’entre eux considèrent que les compétences des chefs de projets sont adaptées. Ainsi,seuls 5% des élus considèrent le manque d’ingénierie comme un frein à la mise en œuvre de leur projet de territoire grâce au programme PVD. Il apparaît donc que l’accompagnement en ingénierie a permis de répondre aux besoins exprimés par les élus.
S’agissant du financement, en dépit de l’absence de financements d’investissement fléchés, 67% des élus ont perçu une facilité de financement pour l’accès au droit commun ;
Toutefois, le manque de financements constitue l’obstacle principal à la mise en œuvre du plan d’actions des élus : 65% d’entre eux affirment ne pas avoir réussi à réunir les capacités financières suffisantes. Les élus déplorent l’absence de soutien financier systématique pour la réalisation de leur projet de revitalisation.
Les élus PVD appellent massivement (93%) à la reconduction du programme pour mener à terme leur projet de revitalisation.
Cet appel a été entendu : le Premier ministre François Bayrou a annoncé la prolongation du programme PVD lors des Assises des Petites Villes, qui se sont déroulées à Saint-Rémy-de-Provence. Toutefois, les modalités de cette reconduction demeurent à préciser.
L’APVF sera donc particulièrement vigilante à ce que la prolongation du programme se traduise par une prolongation des contrats de chefs de projet PVD après mars 2026. L’APVF réitèrepar ailleurs sa demande d’un effet « coupe-file » systématique pour l’accès des élus PVD aux financements de droit commun.
Télécharger l’enquête de l’APVF auprès des maires PVD
Télécharger le communiqué de presse de l'APVF sur la prolongation du programme

« Dilico » : les premiers prélèvements attendus en juillet
L’arrêté notifiant les montants prélevés en 2025 sur les recettes des communes, EPCI et départements a été publié. Les collectivités concernées ont deux mois pour contester ces montants. Pour rappel, plus de 2 100 communes, EPCI et départements vont devoir contribuer au redressement des finances publiques via le nouveau « dispositif de lissage conjoncturel des recettes …
L’arrêté notifiant les montants prélevés en 2025 sur les recettes des communes, EPCI et départements a été publié. Les collectivités concernées ont deux mois pour contester ces montants.
Pour rappel, plus de 2 100 communes, EPCI et départements vont devoir contribuer au redressement des finances publiques via le nouveau « dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités territoriales » (Dilico).
Deux mois pour contester les montants notifiés
La publication de l’arrêté, qui reprend les montants dévoilés quelques mois plus tôt par la DGCL, ouvre la possibilité aux communes, EPCI et départements concernés, dans un délai de « deux mois courant à compter de la publication » , soit jusqu’au début du mois d’août, d’exercer un recours contentieux devant le tribunal administratif afin de contester les montants notifiés.
Le premier prélèvement sera réalisé « à compter du mois suivant la publication de l'arrêté ministériel », soit mi-juillet. À compter de cette date, les prélèvements seront réalisés sur les avances de fiscalité par mensualités jusqu’à la fin de l’année 2025. Pour les collectivités disposant des ressources nécessaires sur leurs avances de fiscalité, l’intégralité du prélèvement Dilico devra être réalisée sur l’année 2025 strictement. À noter que les modalités de calcul et de répartition du dispositif entre les régions seront présentées à part, « dans un second temps ».
Reversement des montants prélevés à partir de 2026
Considérées comme « une mise en réserve », les sommes ainsi prélevées seront ensuite « intégralement » reversées aux collectivités, par tiers, pendant trois ans à compter de l’an prochain. Ainsi, à partir de l’exercice 2026, « 90 % » des montants mis en réserve seront reversées aux collectivités contributrices, les 10 % restants viendront « augmenter les montants reversés aux collectivités des fonds de péréquation » (le Fpic, par exemple).
Les petites villes contributrices pour plus du tiers de l’effort des communes
Ce sont 710 petites villes (37 % des communes concernées) qui seront prélevées de 67,5 millions d'euros, soit 40 % du montant total prévu pour l'ensemble des communes (hors ville de Paris).
Le montant moyen du prélèvement s'élèvera à 12,03 euros par habitant, soit l'équivalent de 4,2 % de l'épargne brute des communes concernées (données 2024). C’est un peu moins que le montant moyen des contributions communales, qui sont de 14,18 euros par habitant, mais plus que celui des intercommunalités (8,97 euros) et des départements (5,48 euros).

Baromètre de la santé financière de l'AFL : un bloc communal résilient
Dans son édition de 2025 du baromètre de la santé financière, l’Agence France Locale (AFL), partenaire de l’APVF, laisse apparaître un portrait contrasté de la santé financière des collectivités territoriales. Dans un contexte marqué par une inflation persistante, un ralentissement économique et un climat politique instable, ce Baromètre confirme l’émergence de deux blocs aux dynamiques …
Dans son édition de 2025 du baromètre de la santé financière, l'Agence France Locale (AFL), partenaire de l'APVF, laisse apparaître un portrait contrasté de la santé financière des collectivités territoriales.
Dans un contexte marqué par une inflation persistante, un ralentissement économique et un climat politique instable, ce Baromètre confirme l’émergence de deux blocs aux dynamiques divergentes : un bloc communal, globalement résilient, et un bloc départements/régions, en difficulté croissante.
Avec une note moyenne de 2,82 en 2024 – contre 2,77 en 2023 – la situation financière du monde local reste globalement soutenable. Si cette évolution peut sembler modérée, elle masque des disparités croissantes entre territoires et segments de collectivités : l’écart-type atteint 1,54, un niveau inédit depuis six ans.
Deux éléments caractérisent l’exercice budgétaire 2024 et expliquent principalement l’évolution des notes des différents segments de collectivités locales : la forte progression des dépenses et un montant d’emprunt inédit (27 Mds€ soit +27% par rapport à 2023).
S'agissant plus particulièrement des petites villes, pour Christophe Bouillon, maire de Barentin et Président de l'APVF, "le dernier millésime du baromètre de la santé financière des collectivités apporte un éclairage contrasté sur la situation des petites villes (2 500 à 25 000 habitants). L’amélioration continue de la note financière de l’ensemble des petites villes depuis le début du mandat, en 2020, marque un coup d’arrêt. Il faut néanmoins noter une bonne résistance de cette note. Par ailleurs, le sérieux dans la gestion financière ne s’est pas fait au détriment des investissements portés par les petites villes".
Télécharger le Baromètre AFL de la santé financière des collectivités locales 2025
Découvrir l'analyse détaillée des résultats sur le site de l'AFL

Consigne plastique : Emmanuel Macron relance le débat, la ministre ferme la porte
Alors que la consigne sur les bouteilles plastiques semblait enterrée depuis 2023, Emmanuel Macron l’a remise sur la table lors du Sommet des Nations unies sur l’océan. Une déclaration inattendue qui ravive les tensions avec les collectivités, toujours fermement opposées à ce dispositif qu’elles jugent injuste et inefficace. Lors du sommet des Nations unies sur …
Alors que la consigne sur les bouteilles plastiques semblait enterrée depuis 2023, Emmanuel Macron l’a remise sur la table lors du Sommet des Nations unies sur l’océan. Une déclaration inattendue qui ravive les tensions avec les collectivités, toujours fermement opposées à ce dispositif qu’elles jugent injuste et inefficace.
Lors du sommet des Nations unies sur l’océan, organisé à Nice début juin, Emmanuel Macron a relancé le débat sur la consigne des bouteilles en plastique, la qualifiant de « dispositif absolument clé » dans la lutte contre la pollution. Cette prise de position tranche avec celle du gouvernement, qui avait mis fin à ce projet en 2023 face à l’opposition des élus locaux.
Le Président appelle ainsi à « continuer le combat » sur ce sujet, soutenu dans la foulée par l’éco-organisme Citeo, qui plaide pour une généralisation du dispositif. Cette déclaration a surpris les associations d’élus, dont l’APVF, qui considéraient la mesure abandonnée. Dès septembre 2023, l’ancien ministre de la Transition écologique Christophe Béchu avait écarté la consigne, jugeant la mesure inadaptée.
Le 11 juin, la ministre actuelle de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a confirmé ce revirement : la consigne est, selon elle, « contre-productive » car elle priverait les collectivités du volume et de la valeur des déchets recyclables, indispensables à l’équilibre économique de leur service public. Cette position rejoint celle défendue de longue date par les associations d’élus, qui considèrent que le dispositif profiterait surtout aux industriels, sans réduire la production de plastique à la source.
Le gouvernement a cependant profité de cette séquence pour dévoiler son « Plan plastique 2025-2030 ». Ce plan, censé poser un cadre stratégique, est accueilli avec circonspection. Il reprend peu des 14 propositions formulées en 2023 par les associations d’élus, notamment sur le développement du tri dans l’espace public, la réduction à la source ou encore l’amélioration de la tarification incitative.
Le plan prévoit également un accompagnement technique et financier des collectivités « les plus en difficulté », via des « contrats de performance » et des diagnostics territorialisés. Mais ces dispositifs, déjà en discussion depuis plusieurs mois, peinent à convaincre.
Face à un enjeu aussi structurant que la réduction des déchets plastiques, l’APVF réaffirme la nécessité de politiques ambitieuses, fondées sur la sobriété, le soutien aux collectivités et des mesures réellement efficaces à l’échelle locale.
Télécharger le dossier de presse du « Plan plastique 2025-2030 »

Situation financière des Petites Villes en 2024 : des investissements toujours élevés, mais des signaux d’alerte.
A l’occasion des 27èmes assises des petites villes de France, l’Association des Petites Villes de France et La Banque postale ont présenté à la presse la 11ème édition du « Regard financier sur les petites villes ». Cette étude met en lumière un secteur en pleine mutation. Cette Conférence de presse qui a eu lieu …
A l’occasion des 27èmes assises des petites villes de France, l’Association des Petites Villes de France et La Banque postale ont présenté à la presse la 11ème édition du « Regard financier sur les petites villes ». Cette étude met en lumière un secteur en pleine mutation.
Cette Conférence de presse qui a eu lieu en Mairie de Saint-Rémy-de-Provence, le vendredi 13 juin, était co-animée par Christophe Bouillon, Président de l'APVF, maire de Barentin, Loïc Hervé, Président délégué, Vice-président du Sénat, Romain Colas, Vice-président, maire de Boussy-Saint-Antoine et par Christophe Jerretie, Président du Comité d’Orientation des Finances Locales et Alice Monticelli, Responsable d'études à La Banque postale.
Principaux éléments de l'étude à retenir :
Le budget total, hors dette, des petites villes (budgets annexes inclus) s’élève à 44,1 milliards d'euros en 2024, soit 39,5 % du budget total hors dette des communes (hors ville de Paris), montant en hausse de 4,8 % par rapport à 2023.
Cette progression s’explique notamment par une augmentation de 3,2 % des dépenses de fonctionnement portée principalement par la masse salariale et par la hausse de 9,1 % des dépenses d’investissement.
Sur la période 2019-2024, soit quasiment le mandat actuel, les dépenses totales des petites villes ont progressé de + 17,2 % en euros courants. En réalité, hors inflation, les dépenses communales, sont quasi-stables (-0,3 %).
Dans le même temps, les recettes de fonctionnement ont progressé de 3,8 %, en lien avec la progression de 3,9 % des valeurs locatives cadastrales. Cette hausse a permis de maintenir l’épargne brute à 5,6 milliards d’euros avec toutefois de nombreuses disparités qui se sont accrues entre les communes entre 2023 et 2024. Alors que le bas de la strate témoigne d’une certaine résilience budgétaire, les municipalités de plus de 10 000 habitants voient leur santé financière se dégrader.
Pour la seconde année, les petites villes mobilisent également leur trésorerie au service de l’investissement à hauteur de 800 millions d’euros, et limitent ainsi le recours à l’emprunt (baisse de l’encours de dette de 0,7 %).
En 2025, les petites villes ne seront pas épargnées par les dispositions de la loi de finances : elles seront impactées par le dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités (DILICO) à hauteur de 67,5 millions d’euros et par l’augmentation du taux de contribution employeur à la Caisse Nationale de Retraites des Agents des Collectivités Locales (CNRACL) à hauteur d’environ 250 millions d’euros par an jusqu’à 2028.
La question va se poser de leur capacité à participer au redressement des comptes publics l’année prochaine, tout en poursuivant leurs investissements de fin de mandat et en préservant la qualité et le bon fonctionnement des services publics de proximité.
Retrouvez ici « Regard financier sur les petites villes »
Retrouver ici le communiqué de presse

Une crise des finances publiques locales qui se généralise
La dernière séance du Comité des finances locales, qui s’est tenue le 18 juin à l’Hôtel de Roquelaure, était consacrée à la présentation du pré-rapport de l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) sur les comptes de 2024. Le constat est sans appel : après les régions et les départements, c’est au tour …
La dernière séance du Comité des finances locales, qui s’est tenue le 18 juin à l’Hôtel de Roquelaure, était consacrée à la présentation du pré-rapport de l'Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) sur les comptes de 2024. Le constat est sans appel : après les régions et les départements, c’est au tour des communes de voir leur situation financière décliner.
Comme l’a indiqué André Laignel, alors que l’exercice 2023 suscitait déjà des inquiétudes en raison d’une baisse sensible de l’épargne brute des collectivités (- 9,1 %), avec l'année 2024, « l'alerte est complète, problématique et concerne tous les niveaux de collectivités ». Cette épargne brute s'est à nouveau contractée de - 7,3 % et se situe fin 2024 à un niveau moins élevé de 2,1 milliards d'euros par rapport à avant la crise sanitaire.
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Cadre général macroéconomique :
Selon les comptes nationaux publiés par l'Insee fin mai 2025, la croissance de l'économie française a continué de décélérer en 2024 : le PIB (en volume) a augmenté de + 1,2 % en euros constants, après + 1,4 % en 2023.
En 2024, le déficit public au sens de Maastricht atteint 168,6 Md€, soit 5,8 % du produit intérieur brut (PIB) après 5,4 % en 2023 et 4,7 % en 2022, soit une augmentation de 16,9 Md€.
Cette dégradation s’explique par un effet ciseau : les recettes des prélèvements obligatoires augmentent moins vite que l’activité en valeur, tandis que les dépenses de prestations sociales, soutenues notamment par des revalorisations fondées sur l’inflation 2023, accélèrent à 5,5 %. Ces facteurs sont toutefois atténués par la sortie progressive des mesures exceptionnelles prises face à la hausse des prix de l’énergie.
Le déficit de l’État, qui porte l’essentiel de ces mesures, s’établit à 152,5 Md€ (après 151,9 Md€ en 2023) et celui des organismes divers d’administration centrale (ODAC) est stable à 1,7 Md€.
Le déficit des administrations publiques locales (APUL) se dégrade et s’établit à 16,7 Md€ (après 9,5 Md€), dont 11,4 Md€ (contre 5,0 Md€ en 2023) pour les collectivités locales.
Les recettes des APUL progressent moins vite, de 2,2 % après + 4,2 % en 2023.
L’investissement ralentit mais reste dynamique selon le pré-rapport (+ 7,8 % après + 11,1 % en 2023), atteignant 67,9 Md€ (après 63,0 Md€ en 2023).
La dette publique s’élève à 113,2 % du PIB fin 2024, après 109,8 % fin 2023 et 111,4 % fin 2022.
La principale contribution à la dette, au sens du traité de Maastricht, d'un sous-secteur
est celle de l’État (+170,5 Md€ après 150,0 Md€), qui s’endette en titres de court et de long termes (+171,9 Md€). En parallèle, l’État rembourse des crédits de long terme (-1,4 Md€).
La contribution des APUL à la dette publique brute augmente plus fortement en 2024 qu’en 2023 (+13,8 Md€ après +5,2 Md€), principalement sous forme de titres de long terme (+ 6,1 Md€). Parmi les seules collectivités locales, la contribution des communes, des départements et des régions à la dette publique augmente (respectivement + 3,2 Md€, + 2,3 Md€ et + 3,4 Md€ après + 0,9 Md€, - 0,2 Md€ et + 1,2 Md€ en 2023), tandis que celle des syndicats des collectivités territoriales est stable.
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Focus sur la situation des communes :
Constat n° 1 : baisse de l’autofinancement pour les petites communes et les très grandes, atonie ou croissance pour les autres
En 2024, les dépenses de fonctionnement augmentent de + 4,2 % (+ 5,0 % en 2023) et les recettes de fonctionnement de + 3,0 % (+ 5,6 % en 2023). Ces augmentations s’observent pour l’ensemble des strates de taille de communes, mais avec néanmoins des disparités.
Plus une commune est grande (hors Paris) moins ses dépenses de fonctionnement augmentent. Les évolutions des dépenses de fonctionnement des strates inférieures à 3 500 habitants sont comprises entre + 4,4 % et + 5 %.
Celles entre 3 500 et 100 000 habitants ont des évolutions plus faibles et variant entre + 3,1 % et + 4 %.
Les recettes de fonctionnement augmentent le plus pour les communes de taille moyenne. Les évolutions varient de + 1,7 % pour la strate de moins de 200 habitants jusqu’à + 4,1 % pour celle de 2 000 à 3 500 habitants.
Pour les strates allant de 3 500 à 50 000 habitants, les taux d’accroissement des recettes de fonctionnement diminuent avec la taille : ils s’élèvent à + 3,5 % pour la strate de 3 500 à 5 000 habitants et + 2,7 % pour celle de 20 000 à 50 000 habitants.
La strate de 50 000 à 100 000 habitants augmente plus fortement avec + 3,8 %.
Constat n° 2 : des dépenses de fonctionnement toujours à la hausse pour les communes
Les dépenses de fonctionnement connaissent une décélération de l’accroissement annuel depuis 2020.
Elles augmentent de + 4,2 % en 2024 après + 5,0 % en 2023 et + 5,9 % en 2022.
Dans le détail, les frais de personnel continuent de progresser (+ 4,3 % après + 3,6 % en 2023). Les achats et charges externes s’accroissent de +4,1 % soit moitié moins que les fortes hausses enregistrées en 2023 (+8,5 %) et 2022 (+11,1 %).
Le poste «énergie» n’augmente plus que de + 5,3 % au lieu de + 25 % en 2023 et + 30 % en 2022 dans un contexte de ralentissement de l’inflation.
En revanche, les primes d’assurances réglées accentuent leur dynamisme (+ 19,9% après + 11,4%) pour un total de 729 M€.
Les dépenses d’intervention continuent de s’accroître de +4,7 % comme en 2023.
Constat n° 3 : impôts directs en hausse et baisse sensible des impôts indirects
En 2024, les impôts directs augmentent de + 4,3 %, bien moins qu’en 2023 (+ 7,5 %). Cette hausse concerne toutes les strates de taille de communes avec une augmentation comprise entre + 5,5 % et + 6,2 % pour les strates inférieures à 5 000 habitants. Pour les strates supérieures à ce seuil, des évolutions dont l’intensité diminue avec la taille de la strate s’observent, allant de + 4,8 % pour la strate des 5 000 à 10 000 habitants jusqu’à + 3,3 % pour les deux strates supérieures à 50 000 habitants. Les produits de la taxe foncière progressent en 2024 de 5,2 %, ceux de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires de 0,6 %.
Les impôts indirects connaissent une baisse sensible de - 6,4 % qui s’explique essentiellement par la chute des droits de mutation à titre onéreux (DMTO) en lien avec le recul des transactions immobilières en 2024. Toutes les strates sont concernées par cette baisse des impôts indirects, surtout les strates des petites communes de moins de 1 000 habitants, avec des évolutions entre - 12,9 % et - 10,8 %. Les strates supérieures ont des évolutions comprises entre - 4,4 % et - 9,1 %.
Les subventions reçues et participations sont globalement stables, en léger repli de - 0,3 %. Elles chutent fortement pour les strates de petites communes avec - 20,5 % pour les moins de 200 habitants, restent en évolution négative mais moins sensible pour les strates comprises entre 200 et 5 000 habitants.
En revanche, elles sont stables entre 5 000 et 50 000 habitants et n’évoluent positivement que pour les deux strates supérieures à 50 000 habitants.
Les autres recettes de fonctionnement, qui sont principalement composées des revenus des immeubles, des autres produits divers de gestion courante et des redevances versées par les fermiers et concessionnaires, augmentent pour toutes les strates de communes. Mais elles progressent particulièrement pour la strate des communes de 50 000 à 100 000 habitants avec + 24,4 %, principalement du fait de deux communes ayant multiplié par cinq et par neuf leurs autres recettes de fonctionnement.
Constat n° 4 : dynamisme des dépenses d'investissement, quelle que soit la strate de population pour les communes
Les dépenses d'investissement (hors remboursements de la dette) restent dynamiques pour la quatrième année consécutive. Elles ont augmenté en 2024 de + 9,5 % après + 9,4 % en 2023 alors même que l’effet prix, très marqué en 2022 et 2023, s’est nettement réduit en 2024. Comparativement à la même année située dans le cycle électoral précédent (2018) où l’accroissement était de + 5,9 %, cet accroissement est important en intensité.
Constat n° 5 : le délai de désendettement des communes se dégrade en 2024 dans certaines grandes communes et les plus petites
Le délai de désendettement (encours de dette rapportée à l’épargne brute) des communes augmente entre 2023 et 2024 de + 0,2 an. Il baisse pour les strates comprises entre 200 et 10 000 habitants et pour celles entre 50 000 et 100 000 habitants. Il augmente un peu pour les autres strates et surtout pour la strate des plus de 100 000 habitants avec + 2,8 ans y compris Paris (+ 0,4 an hors Paris).

L’État renforce son soutien à la rénovation urbaine : un doublement du financement à l’Anru en 2026
L’annonce est passée presque inaperçue mais elle n’en est pas moins significative : l’État portera à 116 millions d’euros sa contribution à l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) en 2026, contre 50 millions cette année. Ce renforcement budgétaire marque un engagement clair du gouvernement en faveur du renouvellement des quartiers, alors que les tensions …
L’annonce est passée presque inaperçue mais elle n’en est pas moins significative : l’État portera à 116 millions d’euros sa contribution à l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) en 2026, contre 50 millions cette année. Ce renforcement budgétaire marque un engagement clair du gouvernement en faveur du renouvellement des quartiers, alors que les tensions sociales, urbaines et foncières se font de plus en plus visibles dans de nombreux territoires.
Un message bienvenu pour les collectivités locales
Ce soutien financier supplémentaire intervient dans un contexte de montée en puissance du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU), lancé pour transformer en profondeur plus de 400 quartiers à travers le pays. Piloté par l’Anru, ce programme mobilise 12 milliards d’euros d’investissements pour améliorer l’habitat, les espaces publics, les équipements et l’attractivité de territoires souvent fragilisés.
Si les grandes agglomérations concentrent une part importante des crédits, de nombreuses petites villes sont également concernées, en particulier celles qui accueillent des quartiers anciens en difficulté ou des ensembles HLM mal intégrés dans leur tissu urbain.
Une bouffée d’oxygène pour les projets en attente
Plusieurs collectivités avaient alerté ces derniers mois sur les risques de blocage de projets, faute de financement de la part de l’État, alors que les cofinancements locaux et ceux d’Action Logement ou de la Caisse des Dépôts sont déjà fortement sollicités. L’augmentation de la participation de l’État devrait permettre de désengorger les dossiers à l’instruction et de donner un nouveau souffle aux programmes en souffrance.
Pour les petites villes : un levier de transformation à ne pas négliger
Dans un contexte où les besoins en logements sont massifs et où les attentes des habitants en matière de cadre de vie sont de plus en plus fortes, la rénovation urbaine reste un outil essentiel pour les maires des petites villes. Elle permet de lutter contre l’habitat dégradé, de mieux articuler les politiques de mobilité, d’éducation, de santé et de sécurité, et de renforcer la mixité sociale.
L’annonce du doublement de la contribution de l’État en 2026 envoie donc un signal positif à toutes les collectivités engagées dans la transformation de leurs quartiers. Reste désormais à garantir une mise en œuvre fluide et rapide, en lien étroit avec les élus locaux, les habitants et les opérateurs du logement.

Urbanisme et logement : le Sénat adopte la proposition de loi Huwart
Le Sénat a adopté ce 17 juin la proposition de loi de simplification du droit de l’urbanisme et du logement, déposée par Harold Huwart, député (LIOT) d’Eure-et-Loir. Ce texte, déjà voté par l’Assemblée nationale le 15 mai, poursuit un objectif clair : accélérer et faciliter les projets de construction dans un contexte de crise du …
Le Sénat a adopté ce 17 juin la proposition de loi de simplification du droit de l’urbanisme et du logement, déposée par Harold Huwart, député (LIOT) d’Eure-et-Loir. Ce texte, déjà voté par l’Assemblée nationale le 15 mai, poursuit un objectif clair : accélérer et faciliter les projets de construction dans un contexte de crise du logement.
Concrètement, la PPL introduit plusieurs ajustements techniques importants :
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Création d’un permis d’aménager multisites pour fluidifier les opérations d’aménagement sur plusieurs parcelles distinctes ;
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Réduction des délais de recours contre les autorisations d’urbanisme ;
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Élargissement des possibilités de modification simplifiée des PLU ;
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Dérogations au PLU dans les zones tendues pour mieux répondre aux besoins locaux ;
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Suppression de la caducité automatique des SCoT après six ans, introduite par la loi SRU ;
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Allègement des obligations de solarisation et végétalisation pour les bâtiments tertiaires, avec un relèvement des seuils.
Le texte prévoit également un renforcement de l’ingénierie pour les collectivités, en particulier les plus petites, afin de sécuriser et accélérer leurs projets.
S’il ne constitue pas une réforme structurelle de la politique du logement, ce texte est salué comme un outil utile pour débloquer des projets locaux, souvent confrontées à une complexité croissante des normes d’urbanisme.
La proposition de loi doit désormais faire l’objet d’une commission mixte paritaire. L’APVF restera attentive aux discussions à venir, en particulier sur les moyens concrets d’accompagnement des collectivités.

Résister, s’adapter : les territoires face au choc climatique
Dans les travées de l’Alpilium, personne ne parle de demain comme d’une éventualité abstraite. Pour cette première table ronde des Assises de l’APVF consacrée à la résilience climatique, les mots sont posés, pesés, et portés par l’expérience du terrain. Aux côtés de Jean Jouzel, grand témoin de la séance, les élus décrivent un présent déjà …
Dans les travées de l'Alpilium, personne ne parle de demain comme d’une éventualité abstraite. Pour cette première table ronde des Assises de l'APVF consacrée à la résilience climatique, les mots sont posés, pesés, et portés par l’expérience du terrain. Aux côtés de Jean Jouzel, grand témoin de la séance, les élus décrivent un présent déjà cabossé par les extrêmes.
Éric Menassi, maire de Trèbes, revient avec émotion sur l’épisode méditerranéen de 2018. Un basculement. Depuis, il n’est plus question de construire sans conscience : « 80 % des zones disponibles sont inondables. Le développement du territoire ne peut plus reposer sur la croissance. » Il plaide pour un changement de paradigme, avec l’aménagement au cœur de toutes les politiques.
Même lucidité du côté de Geneviève Blanc, maire d’Anduze. Là-bas, les crues sont une réalité familière – trop familière. « On vit avec le risque », dit-elle, évoquant la structuration du territoire en bassin versant, la sanctuarisation de terres agricoles. Une manière d’apprendre à “faire avec”.
Romain Colas, maire de Boussy-Saint-Antoine, lui, a vu le risque émerger brutalement. « En 30 ans, aucune crue. Et puis, soudain, elles deviennent régulières. » Pour lui, la réponse passe par l’échelon pertinent : celui de la coopération entre communes. Mais aussi par une exemplarité politique : « On doit être irréprochables. »
Avec un autre versant, Antoine Bristielle, directeur de l'opinion à la Fondation Jean Jaurès, vient rappeler une donnée frappante : un tiers des Français vit déjà dans une zone exposée – inondation, coupure d’eau ou pollution. « La population est très concernée, dans les villes comme dans les campagnes. Mais il faut que les réponses soient pensées localement, avec du sens. »
Enfin, Eva Kaplanis, directrice du développement de la SMACL, dresse un constat sans détour : les sinistres climatiques explosent. « 23 inondations recensées en 2024. En 2019, c’était 9. » Le secteur de l’assurance s’en inquiète, certains se retirent. Mais elle rappelle que la SMACL, créée par des élus pour les collectivités, reste là pour co-construire des solutions.
Autour de Jean Jouzel, « véritable conscience de l’humanité » pour Romain Colas, la conviction est partagée : l’adaptation ne doit pas être subie, mais pensée. Et surtout, assumée collectivement.
En vidéo, avec Paroles d'élus, retrouvez nos maires engagés sur ce sujet majeur.