12
décembre
2024
Loi spéciale : régime, contenu, calendrier et implications pour les collectivités

Loi spéciale : régime, contenu, calendrier et implications pour les collectivités

Finances et fiscalité locales

Un projet de loi spéciale sur le budget pour assurer la continuité de l’Etat a été présenté en Conseil des ministres mercredi. Son examen devrait débuter lundi 16 décembre, à 16h, à l’Assemblée nationale. Une loi spéciale « de pragmatisme »   L’alinéa 4 de l’article 47 de la Constitution prévoit une procédure exceptionnelle lorsque la loi de …

Un projet de loi spéciale sur le budget pour assurer la continuité de l’Etat a été présenté en Conseil des ministres mercredi. Son examen devrait débuter lundi 16 décembre, à 16h, à l’Assemblée nationale.

Une loi spéciale « de pragmatisme »  

L’alinéa 4 de l’article 47 de la Constitution prévoit une procédure exceptionnelle lorsque la loi de finances fixant les ressources et les charges d'un exercice n’a pas été déposée « en temps utile », c’est-à-dire une date permettant son adoption avant le début de l’exercice, soit le 1er janvier.

La Constitution dispose alors que le Gouvernement peut demander d'urgence au Parlement l'autorisation de percevoir les impôts et ouvre par décrets les dépenses nécessaires au fonctionnement de l'Etat.

Une procédure détaillée dans la LOLF 

Aux termes de l’article 45 de la loi organique relative aux lois de finances du 1er août 2001, et en application de l’article 47 alinéa 4 de la Constitution, le Gouvernement dispose de deux procédures telles que présentées ci-dessous :

1° Il peut demander à l'Assemblée nationale, avant le 11 décembre de l'année qui précède le début de l'exercice, d'émettre un vote séparé sur l'ensemble de la première partie de la loi de finances de l'année. Ce projet de loi partiel est soumis au Sénat selon la procédure accélérée ;

2° Si la procédure prévue au 1° n'a pas été suivie ou n'a pas abouti, le Gouvernement dépose, avant le 19 décembre de l'année qui précède le début de l'exercice, devant l'Assemblée nationale, un projet de loi spéciale l'autorisant à continuer à percevoir les impôts existants jusqu'au vote de la loi de finances de l'année. Ce projet est discuté selon la procédure accélérée.

Dans notre cas, la procédure prévue au 1° n’a pas été envisagée, le Président de la République ayant tout de suite opté pour la procédure prévue au 2°.

Un contenu limité

Selon l’article 45 de la LOLF, le projet de loi spéciale doit autoriser le gouvernement à continuer à percevoir les impôts existants jusqu'au vote de la loi de finances de l'année. Ce projet est discuté selon la procédure accélérée.

Il comprend trois articles. Dans le détail, selon l'exposé des motifs du projet de loi spéciale, l’article premier vise à autoriser à percevoir les impôts existants. Cette disposition est fondamentale et indispensable pour garantir le financement de l’État et des autres personnes morales affectataires des impositions de toutes natures, notamment les collectivités territoriales et les organismes publics qui leurs sont rattachés. Elle emporte également la reconduction des prélèvements sur les recettes mentionnés à l’article 6 de la LOLF, soit les prélèvements sur les recettes au profit des collectivités territoriales et de l’Union européenne. L’autorisation est donnée pour une durée temporaire jusqu’à l’entrée en vigueur de la loi de finances de l’année.

Les deuxième et troisième articles du projet de loi spéciale concernent les autorisations relatives aux emprunts. En l’absence de telles dispositions, la sécurité des opérations de financement de l‘État et de plusieurs organismes de sécurité sociale ne serait plus assurée à compter du 1er janvier 2025. Le recours à des emprunts à long, moyen et court termes revêt aujourd’hui un caractère indispensable pour la continuité de la vie nationale.

Suite à la promulgation de la loi spéciale, le gouvernement prendra des décrets ouvrant les crédits applicables aux seuls services votés, notamment pour permettre de verser la rémunération des agents publics, dans les conditions qui ont été approuvées l'année précédente par le Parlement. Ils ne peuvent excéder le montant des crédits ouverts par la dernière loi de finances de l'année.

La publication de ces décrets n'interrompt pas la procédure de discussion du projet de loi de finances de l'année, qui se poursuit dans les conditions prévues par les articles 45 et 47 de la Constitution et par les articles 40, 42, 43 et 47 de la LOLF.

Il est à noter que le Conseil d'Etat considère que les dispositions fiscales autres que la seule autorisation à percevoir les impôts existants est proscrite. En particulier, les magistrats du Palais royal estiment que l'indexation sur l'inflation du barème de l'impôt sur le revenu, ou la prolongation de la durée d'application de crédits d'impôts, ne peuvent figurer dans la loi spéciale

Quelles implications pour les collectivités ? 

Selon le Conseil d'Etat, l'article 1 du projet de loi spéciale autorise la levée des impôts, y compris des impôts locaux, permet implicitement le versement des prélèvements sur les recettes aux collectivités locales et à l’Union européenne, mais ce versement ne pourra se faire que sur la base des crédits de paiements adoptés en 2024. Cela signifie que collectivités pourront recevoir le versement des subventions déjà attribuée, mais ne pourront en avoir de nouvelles avant l’adoption d’un projet de loi de finances.

Le versement de la dotation globale de fonctionnement (DGF) devrait, quant à lui, être assuré, par douzièmes, puisqu’il permet la « continuité des services publics ». A noter que les dotations de solidarité urbaine ou rurale (DSU et DSR) suivront les règles de péréquation de 2024. Un paramètre pourra néanmoins faire varier les montants à ce stade, c'est l'évolution de la population.

Quel calendrier ? Quelle durée d’application ?

Ce projet de loi doit être impérativement déposé au Parlement avant le 19 décembre et être promulgué avant le 1er janvier. Ce mercredi, il a été présenté en Conseil des ministres. Laurent Saint-Martin et Antoine Armand, les ministres démissionnaires des Comptes publics et de l'Economie et des Finances, ont ensuite auditionnés le même jour par la commission des finances de l’Assemblée nationale.

Le texte est à l’agenda de l’Assemblée nationale qui débutera son examen le 16 décembre à 16h.  Puis, il devrait passer devant le Sénat mercredi 18 décembre, selon des sources parlementaires.

L'application de ce texte provisoire, si elle n'est pas bornée dans le temps, s'appliquera jusqu'à ce qu'un nouveau budget soit adopté. Elle permettrait « de tenir quatre à six semaines, en attendant un nouveau budget », a estimé Eric Coquerel, président LFI de la commission des Finances.

Téléchargez l'avis du Conseil d'Etat en cliquant ici.

Téléchargez le projet de loi spéciale en cliquant ici.

Téléchargez le courrier adressé par les Ministres démissionnaires Saint-Martin et Vautrin à Christophe Bouillon en cliquant ici.

12
décembre
2024
Désertification médicale : "aux grands maux, les grands remèdes"

Désertification médicale : "aux grands maux, les grands remèdes"

Santé

La commission sénatoriale de l’Aménagement du Territoire et du Développement durable a adopté un rapport intitulé “Inégalités territoriales d’accès aux soins : aux grands maux, les grands remèdes”. Outre un bilan sur la dégradation de l’offre de soins, ce rapport d’information présente une série de 38 recommandations, avec notamment des préconisations sur la régulation à …

La commission sénatoriale de l’Aménagement du Territoire et du Développement durable a adopté un rapport intitulé "Inégalités territoriales d'accès aux soins : aux grands maux, les grands remèdes". Outre un bilan sur la dégradation de l'offre de soins, ce rapport d'information présente une série de 38 recommandations, avec notamment des préconisations sur la régulation à l'installation des professionnels de santé.

Un constat : les limites de la "politique des petits pas"

La commission sénatoriale de l'Aménagement du Territoire et du Développement durable, que préside M. Jean-François Longeot, sénateur Union Centriste (UC) du Doubs, brosse le portrait inquiétant de la dégradation de l'offre de soins.

Le rapporteur, M. Bruno Rojouan, sénateur Les Républicains de l'Allier, a indiqué dès 2022 que le pays entrait dans une "décennie noire médicale" où  le nombre de médecins généralistes devrait décroître jusqu'en 2028, pour passer sous le seuil de 92 500 praticiens.

Pour faire face à cette situation, une série de mesures parlementaires, manquant de cohérence selon les sénateurs, ont été adoptées au cours des dernières années. Aucun projet de loi dédié n'a cependant été déposé par les derniers gouvernements. Les principales mesures concernent la mise en place d'incitations financières, qui selon les sénateurs, n'ont eu que des "effets minimes". Les conventions signées entre l'Assurance Maladie et chaque profession de santé, permettant une régulation de l'offre dans les territoires les mieux dotés, ont par contre, obtenu des résultats, comme l'a démontré l'exemple de l'installation des infirmiers. La commission sénatoriale indique que les médecins sont désormais la seule profession médicale à bénéficier d'un cadre purement incitatif.

Un autre "gisement" pour dégager du temps médical aux soignants a été la recherche de la diminution de la charge administrative. Cela s'est par exemple traduit par le déploiement d'assistants médicaux, le développement de l'exercice collectif, ou encore l'extension des compétences des professionnels de santé.

Toutefois, ces mesures, aussi nécessaires qu'elles soient, ne permettent pas de compenser le déficit structurel du nombre de soignants. Or, le "choc d'offre" concernant le nombre d'étudiants en santé n'a pas eu lieu. Les sénateurs soulignent qu'en dépit d'une hausse du nombre d'étudiants, celle-ci est "insuffisante" pour répondre aux besoins futurs de soignants.

Des réponses qui appellent un changement de paradigme

Pour répondre à l'urgence de la situation, les sénateurs demandent une régulation de l'installation des médecins dans les zones les mieux dotées et favoriser leur exercice dans les zones les moins bien dotées en médecins. Les sénateurs sont prêts à laisser les modalités du zonage aux médecins eux-mêmes dans un premier temps, bien que le législateur pourrait s'y substituer en cas d'inertie trop importante de la profession.

En outre, du fait de l'augmentation du nombre de médecins, les sénateurs appellent à "définir un cadre de régulation de l'installation plus ambitieux, qui s'appuierait sur le conventionnement sélectif par l'Assurance maladie".

Un autre axe privilégié par les sénateurs est de "redonner du temps médical aux patients". Véritable serpent de mer, la question de la diminution de la charge administrative pourrait se traduire par des aides plus importantes pour l'embauche d'assistants médicaux ou par la "rationalisation du cadre d'exercice des sages-femmes".

Enfin, les sénateurs proposent de mener à bien le "choc d'offres" de professionnels de santé, via le renforcement de l'attractivité des filières. Cependant, la "hausse du nombre d’étudiants dans les filières de santé n’aura de pertinence à long terme pour résorber les inégalités territoriales d’accès aux soins que si elle est territorialisée". Les sénateurs appellent donc à "sortir d’une approche « CHU-centrée » des formations et procéder à un choc de territorialisation est donc essentiel".

Télécharger le rapport sénatorial ici

10
décembre
2024

Partenaires
05
décembre
2024
Le taux de recyclage des emballages ménagers atteint désormais 67% !

Le taux de recyclage des emballages ménagers atteint désormais 67% !

Ville intelligente et durable, Attractivité et aménagement du territoire

Citeo, partenaire de l’APVF, a publié les chiffres clefs du recyclage pour l’année 2023. Le taux de recyclage des emballages ménagers atteint désormais 67%. Le taux de recyclage des emballages ménagers atteint 67%, en augmentation d’1,5 point par rapport à 2022, tandis que celui des papiers graphiques a atteint 63%, soit une hausse de 3 …

Citeo, partenaire de l'APVF, a publié les chiffres clefs du recyclage pour l'année 2023. Le taux de recyclage des emballages ménagers atteint désormais 67%.

Le taux de recyclage des emballages ménagers atteint 67%, en augmentation d’1,5 point par rapport à 2022, tandis que celui des papiers graphiques a atteint 63%, soit une hausse de 3 points en un an. Cela représente 72 kg d’emballages et de papiers par habitant.

Citeo attribue ces légères augmentations au bon tri et recyclage des emballages en papier-carton (+12%) ainsi qu’à la hausse de 15% des quantités d’emballages en plastique recyclés. Cela s’explique notamment par la simplification du geste de tri quasiment achevée dans l’hexagone, puisque 15 millions de Français supplémentaires ont eu accès à ce dispositif en 2023.

Les disparités demeurent toutefois fortes d’une part entre les régions, la Bretagne, les Pays-de-la-Loire et la Bourgogne-Franche-Comté restant les régions les plus performantes et, d’autre part, entre matériaux, les taux de recyclage du plastique et de l’aluminium étant encore éloignés des objectifs européens à horizon 2030.

Citeo encourage et travaille donc à l’activation des leviers nécessaires pour les atteindre : tarification incitative, collecte des cartons séparée, tri et collecte hors-foyer, sans oublier les leviers de réduction et de réemploi, comme la suppression des emballages inutiles.

 

Retrouver les chiffres clefs du recyclage présentés par Citeo

Télécharger le communiqué de presse de Citeo sur le taux de recyclage des emballages

 

05
décembre
2024
Hausse des cotisations des employeurs à la CNRACL : le décret reçoit un avis défavorable au CFL

Hausse des cotisations des employeurs à la CNRACL : le décret reçoit un avis défavorable au CFL

Fonction publique territoriale, Finances et fiscalité locales

Lors du Comité des Finances Locales du 3 décembre, les élus ont examiné le décret prévoyant une augmentation de 12 points de la cotisation des employeurs à la CNRACL sur quatre ans, telle qu’inscrite à l’article 14 et en annexe du PLFSS. Ce décret a fait l’objet d’un avis défavorable unanime de la part des …

Lors du Comité des Finances Locales du 3 décembre, les élus ont examiné le décret prévoyant une augmentation de 12 points de la cotisation des employeurs à la CNRACL sur quatre ans, telle qu’inscrite à l’article 14 et en annexe du PLFSS. Ce décret a fait l’objet d’un avis défavorable unanime de la part des élus présents.

La question a été posée de l’impact du rejet du PLFSS sur l’avenir dudit décret. Comme l’a indiqué la DGCL, il s’agit d’un décret autonome qui peut être pris malgré le rejet du PLFSS. En revanche, se posera inévitablement la question de sa signature puisque le sujet de relève pas des affaires courantes.

L’APVF souhaite que cette mesure (qui coûterait à terme 1,3 milliards d’euros aux petites villes) soit abandonnée définitivement.

05
décembre
2024
PLFSS 2025 : article 49.3 actionné, motion de censure adoptée

PLFSS 2025 : article 49.3 actionné, motion de censure adoptée

Finances et fiscalité locales

Le Premier ministre a engagé la responsabilité du gouvernement lundi 2 décembre sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, par l’article 49.3 de la Constitution. Alors qu’un compromis avait été trouvé en commission mixte paritaire (CMP), Michel Barnier a préféré passer le budget de la sécurité sociale sans …

Le Premier ministre a engagé la responsabilité du gouvernement lundi 2 décembre sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, par l'article 49.3 de la Constitution. Alors qu’un compromis avait été trouvé en commission mixte paritaire (CMP), Michel Barnier a préféré passer le budget de la sécurité sociale sans vote. Une motion de censure a été déposée dans la foulée et vient d’être adoptée.

Le compromis issu de la CMP

La commission mixte paritaire sur le PLFSS, le 27 novembre, a été conclusive. Parmi les compromis obtenus, la limitation de l’assujettissement partiel des apprentis à la CSG « aux seuls nouveaux contrats, sans rétroactivité », le lissage de l'effort demandé aux employeurs territoriaux pour la cotisation CNRACL, un effort de 700 millions d’euros en faveur des hôpitaux et des établissements médicosociaux, des moyens nouveaux affectés aux départements pour la branche Autonomie, à hauteur de 200 millions d’euros, la moindre baisse des allégements de cotisation patronales, la revalorisation des retraites sur la moitié de l’inflation (0,8 %), la suppression de la contribution solidarité (qui impliquait la non rémunération de 17 heures supplémentaires), la baisse de l’Ondam. A cela doit s’ajouter normalement la promesse du Premier ministre de renoncement au déremboursement des médicaments.

Le choix du 49.3

Mais exposé au rejet du texte par l’Assemblée nationale, le Premier ministre a préféré engager sa responsabilité sur le texte issu de la CMP, par le 49.3. Par cette procédure le texte est définitivement adopté sauf si une motion de censure est adoptée dans les 48H.

Il évite alors une nouvelle lecture par les deux assemblées et le risque de désaccord persistant. Ce désaccord persistant aurait pourtant permis au gouvernement de « jouer la montre », puisqu’en cas d’absence de vote définitif du Parlement dans les 70 jours, il aurait pu adopter le PLFSS par ordonnance.

Conséquence de l’adoption d’une motion de censure

Deux motions de censure ont été déposées l’une par la gauche et l’autre, par l’extrême droite, qui répondent à des logiques opposées.

Le Rassemblement national considère que ce budget de la sécurité sociale est encore trop dispendieux et qu’il ne va pas suffisamment loin dans les efforts d’économies structurelles attendus. Il rappelle sa ligne générale : il faut « dégraisser l’Etat », « rationnaliser le mille-feuille territorial » et une « débureaucratisation massive ».

A l’inverse, le Nouveau Front Populaire regrette le choix de l’austérité, avec un risque important de récession, ainsi que sur le front de l’emploi déjà très touché par la multiplication des plans sociaux. Par cette motion, il sanctionne le gouvernement qui, selon lui, fait reposer la responsabilité des dérapages budgétaires du camp présidentiel sur les plus modestes.

C’est la motion de censure de la gauche qui l’a remporté. En conséquence, le gouvernement Barnier est renversé et tous les travaux parlementaires suspendus.  

Hausse des cotisations des employeurs à la CNRACL : le décret reçoit un avis défavorable au CFL

A l’ordre du jour du comité des finances locales du 3 décembre, l’examen du décret prévoyant la hausse de 12 points de la cotisation des employeurs à la CNRACL sur quatre ans, hausse prévue à l'article 14 et en annexe du PLFSS.

Ce décret a reçu un avis défavorable à l’unanimité des élus présents.

La question a été posée de l’impact du rejet du PLFSS sur l’avenir dudit décret. Comme l’a indiqué la DGCL, il s’agit d’un décret autonome qui peut être pris malgré le rejet du PLFSS. En revanche, se posera inévitablement la question de sa signature puisque le sujet de relève pas des affaires courantes.

L’APVF souhaite évidemment que cette mesure (qui coûterait à terme 1,3 milliards d’euros aux petites villes) soit abandonnée définitivement.

05
décembre
2024
PLF 2025 : un destin suspendu

PLF 2025 : un destin suspendu

Finances et fiscalité locales

PLF 2025 : un destin suspendu La première partie du PLF 2025 a été adoptée par le Sénat. Pour limiter l’effort d’économie imposé aux collectivités, les sénateurs ont ajusté plusieurs mesures : suppression de la réduction du taux et de l’assiette du FCTVA, augmentation de la DGF et relèvement du plafond des DMTO. Cependant, l’avenir …

PLF 2025 : un destin suspendu

La première partie du PLF 2025 a été adoptée par le Sénat. Pour limiter l'effort d'économie imposé aux collectivités, les sénateurs ont ajusté plusieurs mesures : suppression de la réduction du taux et de l'assiette du FCTVA, augmentation de la DGF et relèvement du plafond des DMTO. Cependant, l’avenir de ce PLF reste incertain. Quelques heures après l’adoption définitive du projet de loi de finances rectificative pour 2024, une motion de censure votée hier soir par 331 députés sur 577 a entraîné la chute du gouvernement, ouvrant une période d’incertitude institutionnelle. Le scénario d’une absence de budget pour 2025 pourrait ainsi se concrétiser, laissant les collectivités locales face à des interrogations sur leurs finances. Retour sur les dernières avancées du PLF 2025 et sur les possibles étapes à venir dans ce contexte de brouillard institutionnel.

Suppression de la mesure de réduction du FCTVA 

Comme ils l’avaient annoncé, et donnant suite à un amendement de l’APVF, les sénateurs ont supprimé la mesure consistant à réduire le taux et l’assiette du fonds de compensation pour la TVA (FCTVA) afin que soit préservées les capacités d’investissement des collectivités territoriales. Pour rappel, cette mesure devait coûter 800 millions d’euros aux collectivités, dont plus de 100 millions d’euros rien que sur la strate des petites villes. Le Premier ministre avait fait un premier pas en indiquant en acceptant de revenir sur le caractère rétroactif de la mesure.

Le Sénat a, en revanche, approuvé le gel de la dynamique de TVA affectée aux collectivités, ce qui représenterait une perte de 1,2 milliard d'euros de recettes en 2025.

Abondement de la DGF à hauteur de 290 millions d’euros

Opposés à l’indexation de la DGF sur l'inflation, les sénateurs l’ont malgré tout augmenté de 290 millions d'euros, à travers un amendement socialiste, mais contre l’avis du gouvernement.

L’objectif est de compenser la progression de la dotation de solidarité rurale (150 millions d’euros) et de la dotation de solidarité urbaine (140 millions d’euros) et ainsi éviter que ce ne soit à l’ensemble des territoires de la financer.

L’APVF proposait quant à elle, un abondement de la DGF à hauteur de 490 millions, l’équivalent des prévisions d’inflation.

Relèvement du plafond de DMTO 

Autre promesse du Premier ministre que les sénateurs ont approuvé le relèvement de 4,5 % à 5 % du plafond des droits de mutation à titre onéreux (DMTO).

Cette majoration d’un demi-point se fera pendant une période de trois ans afin de « permettre aux départements de faire face à la crise financière à laquelle ils sont confrontés ». La mesure ne s'appliquera pas aux primo-accédants.

Plusieurs mesures concernant la politique du logement

  • Décorrélation des variations de taux THRS et TFPB

Parmi un nombre important d’amendements concernant les collectivités, on peut également retenir que la chambre haute a décidé de décorréler la variation du taux de taxe d’habitation sur les résidences secondaires (THRS) et de la taxe foncière (TFPB), en laissant « la liberté aux conseils municipaux et aux instances délibérantes des organismes de coopération intercommunale dotés d’une fiscalité propre de les faire varier librement entre eux ou dans une même proportion ».

  • Des mesures pour faciliter la transformation de la destination des bureaux

Afin d’encourager la transformation de bureaux en locaux à usage d’habitation, un dispositif incitatif a aussi été instauré à destination des investisseurs et des collectivités.

  • Refus de fusionner la taxe annuelle sur les logements et la taxe d’habitation sur les logements vacants

À noter que, dans le cadre de la seconde délibération, l’exécutif a, là aussi, réussi à évincer une disposition qui aurait permis de fusionner la taxe annuelle sur les logements vacants et la taxe d'habitation sur les logements vacants. A l’origine, cette mesure avait été votée à la fois par les socialistes et Les Républicains « dans un souci de simplification et de lisibilité », mais aussi dans le but de « neutraliser les phénomènes d’optimisation ».

  • Extension du PTZ au neuf et à l’ancien sur tout le territoire, tant pour l’habitat collectif que pour l’habitat individuel

Sur le logement, les sénateurs ont approuvé l’extension de l’éligibilité au prêt à taux zéro (PTZ) à toutes les opérations neuves et anciennes sur l’ensemble du territoire, tant pour l’habitat collectif que pour l’habitat individuel. Et ce, pendant trois ans. Ils ont aussi validé le rehaussement à 195 000 euros du montant maximal d’opération pour l’accès du PTZ.

Elargissement à venir du fonds de précaution ?

Lors de l’examen de la seconde partie du projet de budget, le Sénat pourrait revoir les modalités du « fonds de précaution », qui doit permettre une réduction des dépenses de 3 milliards d’euros. Ils pourraient bien propose de l’étendre à un nombre beaucoup plus important de communes, ce qui serait inadmissible.

Alors que l’APVF, par mesure de solidarité, plaidait pour la suppression du dispositif pour tout le monde, elle devrait subir une version dite améliorée et « plus juste », c’est-à-dire une version qui intégrerait désormais les petites villes ? L 'APVF continue à être défavorable à ce dispositif.

Et maintenant ?

À la suite de la démission du gouvernement Barnier consécutive à l'adoption de la motion de censure, les travaux parlementaires sont suspendus en attendant la nomination d'un nouveau gouvernement. La question principale concerne le devenir du PLF 2025, dont les discussions ont été interrompues au Sénat.

Si un nouveau gouvernement est nommé rapidement et décide de reprendre les discussions, le calendrier sera serré, mais une adoption du PLF d'ici au 31 décembre reste possible. En revanche, si la formation du gouvernement prend du temps, les administrations pourraient recourir à une loi spéciale encadrée par l'article 45 de la loi organique relative aux lois de finances. Cette disposition prévoit le dépôt, avant le 19 décembre, d'un projet de loi autorisant la perception des recettes et l'exécution des dépenses sur la base de la dernière loi de finances adoptée, en l'occurrence celle de 2024. Ce mécanisme provisoire, sans objectif de déficit, ne remplacera pas une loi de finances complète, dont l'adoption devra être une priorité pour le nouveau gouvernement.

05
décembre
2024
Projets industriels et ZAN : une exemption en discussion

Projets industriels et ZAN : une exemption en discussion

Transition écologique, Economie, Logement et urbanisme, Finances et fiscalité locales, Ville intelligente et durable, Attractivité et aménagement du territoire

Le 29 novembre, à Limoges, le Premier ministre démissionnaire Michel Barnier a présenté un plan destiné à redynamiser l’industrie en France. Parmi les mesures envisagées : une exemption temporaire des projets industriels des objectifs du Zéro Artificialisation Nette (ZAN) pour une durée de cinq ans, une annonce qui a retenu l’attention des élus locaux. Faciliter …

Le 29 novembre, à Limoges, le Premier ministre démissionnaire Michel Barnier a présenté un plan destiné à redynamiser l’industrie en France. Parmi les mesures envisagées : une exemption temporaire des projets industriels des objectifs du Zéro Artificialisation Nette (ZAN) pour une durée de cinq ans, une annonce qui a retenu l’attention des élus locaux.

Faciliter l’accès au foncier en faveur des projets industriels

Face aux difficultés croissantes rencontrées par les investisseurs industriels, notamment l’accès limité au foncier, cette annonce viserait à simplifier les démarches et à accélérer les projets de réindustrialisation dans les territoires, dans un contexte de forte concurrence internationale. Cette exemption s’accompagnerait d’une « clause de revoyure » permettant d’en évaluer les effets au terme des cinq années.

Michel Barnier a également évoqué la possibilité d’exclure les projets industriels du champ de la Commission nationale du débat public (CNDP) et de limiter les recours judiciaires en supprimant le double degré de juridiction. Ces ajustements viseraient à rendre les procédures plus fluides et à répondre aux attentes des porteurs de projets.

Exemptions déjà élargies pour les grands projets

En avril 2024, Christophe Béchu, alors ministre de la Transition écologique, avait publié une liste initiale de projets jugés prioritaires et exemptés des obligations du ZAN. Cette liste, qui comptait à l’origine plusieurs dizaines de projets, avait ensuite été étendue à plus de 400. Par ailleurs, la loi Industrie verte du 23 octobre 2023 avait déjà introduit des simplifications pour les acteurs du secteur industriel.

Ces propositions interviennent au lendemain de la publication par la Cour des comptes d’un rapport évaluant les politiques industrielles des dix dernières années. Dans ce document, les magistrats soulignent que les différents dispositifs de soutien à la réindustrialisation ont produit des résultats jugés « fragiles » et des effets limités sur l’emploi, malgré les moyens importants engagés.

Donner les moyens aux maires de réussir le ZAN

Si ces annonces sont perçues comme des leviers bienvenus pour renforcer la réindustrialisation des territoires, les élus locaux s’inquiètent également des conséquences de la mise en œuvre du ZAN sur la crise du logement. Ils soulignent notamment la difficulté à concilier construction de logements et sobriété foncière. Ces préoccupations avaient été largement débattues lors de la rencontre, le 12 novembre dernier, entre une délégation de l’Association des petites villes de France (APVF) et Valérie Létard, ministre démissionnaire du Logement.

Lors de cette rencontre, les maires de l’APVF avaient rappelé leur soutien au principe du ZAN, vu comme une réponse indispensable à l’urgence écologique et une opportunité pour lutter contre la vacance immobilière et la dévitalisation des centres-villes. Cependant, les élus avaient également alerté Valérie Létard sur l’absence de modèle économique solide pour mettre en œuvre ces objectifs. L’APVF appelle ainsi à des financements pérennes et à des dispositifs adaptés pour accélérer la réhabilitation des friches et soutenir le renouvellement urbain.

05
décembre
2024
Christophe Bouillon devant les cadres du Groupe La Poste : « Nous ne sommes pas le dernier mais bien le premier kilomètre de l’action publique ! »

Christophe Bouillon devant les cadres du Groupe La Poste : « Nous ne sommes pas le dernier mais bien le premier kilomètre de l’action publique ! »

Partenaires, Réforme territoriale et gouvernance locale, Services publics, Ville intelligente et durable, Attractivité et aménagement du territoire

Mardi 4 décembre, Christophe Bouillon, Président de l’APVF, était invité par le Président du Groupe La Poste, Philippe Wahl, à débattre sur la notion de proximité devant les cadres du Groupe La Poste. Il a ainsi pu échanger avec le géographe Jacques Lévy, le Directeur du département Opinion de l’IFOP, Jérôme Fourquet, et la Présidente …

Mardi 4 décembre, Christophe Bouillon, Président de l’APVF, était invité par le Président du Groupe La Poste, Philippe Wahl, à débattre sur la notion de proximité devant les cadres du Groupe La Poste. Il a ainsi pu échanger avec le géographe Jacques Lévy, le Directeur du département Opinion de l’IFOP, Jérôme Fourquet, et la Présidente du Groupe Onet, Emilie De Lombares.

Pour Christophe Bouillon, la situation dans les petites villes est bien sûr très contrastée. Les Français sont en recherche non seulement d’un territoire-lieu, mais aussi d’un territoire qui crée du lien. Cela pose la question, pour les élus locaux mais aussi pour les responsables associatifs, de l’engagement dans la vie de la cité dans un contexte d’individualisation et "d’archipélisation" de la société. Désormais, il est temps de passer de la notion de « vivre ensemble » à celle de « faire ensemble ».

Au-delà de toutes les difficultés, il existe cependant des raisons d’espérer pour les territoires hors métropoles et leurs habitants : la réindustrialisation passera avant tout par et avec les collectivités de moins de 20 000 habitants. Il en est de même pour la transition écologique. Il est nécessaire d' inventer un nouveau récit qui dépasse le paradigme du « tout métropole » et qui fasse de nos territoires, non pas le dernier kilomètre, mais bien le premier kilomètre de l’action publique locale.

28
novembre
2024
Baromètre financier des Petites Villes de Demain : des finances saines dans un avenir incertain

Baromètre financier des Petites Villes de Demain : des finances saines dans un avenir incertain

Finances et fiscalité locales

L’APVF, en partenariat avec l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT) et l’Agence France Locale (AFL), présentent la quatrième édition du baromètre de la santé financière des petites villes de demain. Cette édition, basée sur les données de 2023, souligne le dynamique de l’investissement à date dans les communes lauréates du programme. Ce baromètre …

L'APVF, en partenariat avec l'Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT) et l'Agence France Locale (AFL), présentent la quatrième édition du baromètre de la santé financière des petites villes de demain. Cette édition, basée sur les données de 2023, souligne le dynamique de l'investissement à date dans les communes lauréates du programme.

Ce baromètre réutilise la méthodologie de l'AFL pour mesurer la "note financière" d'une commune. En utilisant trois ratios (solvabilité, épargne brute, niveau d’endettement), et en analysant les agrégats budgétaires des communes Petites villes de demain, l'étude met en évidence des finances saines avec des spécificités.

En effet, si la notation financière moyennes des communes PVD est structurellement moins favorable que celles leurs homologues non-PVD, c’est principalement parce qu’elles investissent davantage, et que, pour ce faire, elles empruntent davantage. Elles disposent ainsi d’une surface budgétaire plus importante que les autres communes. La situation financière des communes PVD n’en est pas moins saine pour autant.

Cela se remarque, entre autres, par la capacité des communes PVD à bien résister à l’inflation qui a frappé le pays en 2023 : leurs dépenses réelles de fonctionnements croissent selon le même ordre de grandeur que les communes non-PVD.

Alors que les maires entament la dernière année pleine de leur mandat, se pose toutefois la question de la capacité des communes PVD à maintenir leur niveau d’investissement dans un contexte d’incertitude pour les finances locales. L’édition 2025 permettra déjà d’évaluer dans comment cet effort s’est traduit en 2024.

Pour en savoir plus télécharger le baromètre financier des PVD