Francisque Vigouroux, maire d’Igny, référent numérique à l’APVF, invité du mois de l’émission Parole d’élus.

4 novembre 2015

Retrouver ici l’interview de Francisque VIGOUROUX en vidéo

Quelles sont les particularités au niveau des petites villes comme la vôtre ?
Pour les villes de moins de 20 000 habitants qui ont des budgets très contraints à la fois en termes d’investissement mais surtout en termes de fonctionnement, je dirais qu’aujourd’hui le prix d’entrée ne permet pas de développer les services comme on le souhaiterait. Et ça c’est un vrai sujet. Alors on espère qu’avec le nombre d’acteurs sur le marché, les prix vont baisser.

Pour revenir sur notre sujet d’économies grâce au numérique quels sont les domaines d’activité dans lesquels vous sentez que vous allez pouvoir dans votre collectivité faire des économies ?
On a un certain nombre de dépenses obligatoires, de charges fixes essentiellement celles qui sont liées au personnel communal que l’on paie tous les mois et celles qui sont liées aux fluides. Les fluides en général c’est l’énergie, le chauffage, etc. Je pense que sur ces sujets là on peut vraiment avoir de vrais leviers de progression mais cela ne veut pas dire que l’on fera tout de suite des économies.

Pourquoi on ne les constate pas tout de suite ?
Parce qu’il faut investir. Je vais vous donner un exemple très simple. On veut expérimenter le fait d’éteindre l’éclairage public la nuit entre 1h30 et 5h00. Je fais parti des gens qui aiment gérer plutôt avec des tableaux de bord mais aujourd’hui il me manque une information en amont. Et je pense que le numérique là aussi peut y pallier.

Est-ce que ces investissements peuvent être amortis ?
Le vrai sujet n’est pas que financier. Je pense que le fait d’introduire les outils numériques dans la gestion d’une collectivité locale, permet surtout de gagner en réactivité, en rapidité, l’action étant immédiate. Ça permet également de gagner en sécurité et en traçabilité. Imaginer le jour où vous avez des factures EDF qui arrivent d’une manière dématérialisée en mairie. Les factures EDF sont liées à un site municipal. Vous avez un bureau à telle adresse, vous avez une facture, vous en avez à une autre adresse vous avez une autre facture. Une fois que vous avez ces éléments que vous les rentrez directement dans un logiciel, vous savez très rapidement ensuite ce que vous coûte le bâtiment en terme de consommation électrique et instantanément quand vous voulez faire des projections et des analyses financières vous savez combien vous a coûter le bâtiment sur les 12 derniers mois. Donc on voit bien tout l’intérêt effectivement de travailler sur ces outils et là pour le coup l’économie est effectivement en temps de travail répétitif et récurrent.

Mais est-ce que ces gains de temps de travail ne vont pas amener des suppressions d’emplois dans les collectivités ?
Je pense que c’est tout le contraire. Aujourd’hui on voit bien qu’avec le développement du numérique et de ces différents logiciels qui doivent interagir pour assurer la fluidité de la démarche de dématérialisation, il faut qu’on ait des personnes qui puissent expliquer aux agents comment travailler avec ces nouveaux outils. Ça c’est un premier type d’emploi ou de profil de poste que l’on commence à voir arriver plutôt dans les grosses collectivités locales. Un autre emploi qui va à mon avis s’imposer très rapidement c’est celui de responsable ou de gardien des données.

Oui parce que la question du stockage des données se pose ?
Bien sur tout le monde a quelques bouts de données dans son ordinateur, dans tous les domaines : celui qui gère les cimetières, celui qui gère la facturation sur les familles, les permis de construire au niveau de l’urbanisme, etc. Il va falloir à un moment donné que quelqu’un puisse coordonner tout cela pour éviter qu’il y une perte et que l’on ait de la cohérence au niveau de la gestion de ces données. Et ça à mon avis c’est un nouvel emploi qui va arriver rapidement.