19
juin
2025
Consigne plastique : Emmanuel Macron relance le débat, la ministre ferme la porte

Consigne plastique : Emmanuel Macron relance le débat, la ministre ferme la porte

Transition écologique

Alors que la consigne sur les bouteilles plastiques semblait enterrée depuis 2023, Emmanuel Macron l’a remise sur la table lors du Sommet des Nations unies sur l’océan. Une déclaration inattendue qui ravive les tensions avec les collectivités, toujours fermement opposées à ce dispositif qu’elles jugent injuste et inefficace. Lors du sommet des Nations unies sur …

Alors que la consigne sur les bouteilles plastiques semblait enterrée depuis 2023, Emmanuel Macron l’a remise sur la table lors du Sommet des Nations unies sur l’océan. Une déclaration inattendue qui ravive les tensions avec les collectivités, toujours fermement opposées à ce dispositif qu’elles jugent injuste et inefficace.

Lors du sommet des Nations unies sur l’océan, organisé à Nice début juin, Emmanuel Macron a relancé le débat sur la consigne des bouteilles en plastique, la qualifiant de « dispositif absolument clé » dans la lutte contre la pollution. Cette prise de position tranche avec celle du gouvernement, qui avait mis fin à ce projet en 2023 face à l’opposition des élus locaux.

Le Président appelle ainsi à « continuer le combat » sur ce sujet, soutenu dans la foulée par l’éco-organisme Citeo, qui plaide pour une généralisation du dispositif. Cette déclaration a surpris les associations d’élus, dont l’APVF, qui considéraient la mesure abandonnée. Dès septembre 2023, l’ancien ministre de la Transition écologique Christophe Béchu avait écarté la consigne, jugeant la mesure inadaptée.

Le 11 juin, la ministre actuelle de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a confirmé ce revirement : la consigne est, selon elle, « contre-productive » car elle priverait les collectivités du volume et de la valeur des déchets recyclables, indispensables à l’équilibre économique de leur service public. Cette position rejoint celle défendue de longue date par les associations d’élus, qui considèrent que le dispositif profiterait surtout aux industriels, sans réduire la production de plastique à la source.

Le gouvernement a cependant profité de cette séquence pour dévoiler son « Plan plastique 2025-2030 ». Ce plan, censé poser un cadre stratégique, est accueilli avec circonspection. Il reprend peu des 14 propositions formulées en 2023 par les associations d’élus, notamment sur le développement du tri dans l’espace public, la réduction à la source ou encore l’amélioration de la tarification incitative.

Le plan prévoit également un accompagnement technique et financier des collectivités « les plus en difficulté », via des « contrats de performance » et des diagnostics territorialisés. Mais ces dispositifs, déjà en discussion depuis plusieurs mois, peinent à convaincre.

Face à un enjeu aussi structurant que la réduction des déchets plastiques, l’APVF réaffirme la nécessité de politiques ambitieuses, fondées sur la sobriété, le soutien aux collectivités et des mesures réellement efficaces à l’échelle locale.

Télécharger le dossier de presse du « Plan plastique 2025-2030 »

19
juin
2025
Situation financière des Petites Villes en 2024 : des investissements toujours élevés, mais des signaux d’alerte.

Situation financière des Petites Villes en 2024 : des investissements toujours élevés, mais des signaux d’alerte.

Finances et fiscalité locales

A l’occasion des 27èmes assises des petites villes de France, l’Association des Petites Villes de France et La Banque postale ont présenté à la presse la 11ème édition du « Regard financier sur les petites villes ». Cette étude met en lumière un secteur en pleine mutation. Cette Conférence de presse qui a eu lieu …

A l’occasion des 27èmes assises des petites villes de France, l’Association des Petites Villes de France et La Banque postale ont présenté à la presse la 11ème édition du « Regard financier sur les petites villes ». Cette étude met en lumière un secteur en pleine mutation.

Cette Conférence de presse qui a eu lieu en Mairie de Saint-Rémy-de-Provence, le vendredi 13 juin, était co-animée par Christophe Bouillon, Président de l'APVF, maire de Barentin, Loïc Hervé, Président délégué, Vice-président du Sénat, Romain Colas, Vice-président, maire de Boussy-Saint-Antoine et par Christophe Jerretie, Président du Comité d’Orientation des Finances Locales et Alice Monticelli, Responsable d'études à La Banque postale.

Principaux éléments de l'étude à retenir : 

Le budget total, hors dette, des petites villes (budgets annexes inclus) s’élève à 44,1 milliards d'euros en 2024, soit 39,5 % du budget total hors dette des communes (hors ville de Paris), montant en hausse de 4,8 % par rapport à 2023.

Cette progression s’explique notamment par une augmentation de 3,2 % des dépenses de fonctionnement portée principalement par la masse salariale et par la hausse de 9,1 % des dépenses d’investissement.

Sur la période 2019-2024, soit quasiment le mandat actuel, les dépenses totales des petites villes ont progressé de + 17,2 % en euros courants. En réalité, hors inflation, les dépenses communales, sont quasi-stables (-0,3 %).

Dans le même temps, les recettes de fonctionnement ont progressé de 3,8 %, en lien avec la progression de 3,9 % des valeurs locatives cadastrales. Cette hausse a permis de maintenir l’épargne brute à 5,6 milliards d’euros avec toutefois de nombreuses disparités qui se sont accrues entre les communes entre 2023 et 2024. Alors que le bas de la strate témoigne d’une certaine résilience budgétaire, les municipalités de plus de 10 000 habitants voient leur santé financière se dégrader.

Pour la seconde année, les petites villes mobilisent également leur trésorerie au service de l’investissement à hauteur de  800 millions d’euros, et limitent ainsi le recours à l’emprunt (baisse de l’encours de dette de 0,7 %).

En 2025, les petites villes ne seront pas épargnées par les dispositions de la loi de finances :  elles seront impactées par le dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités (DILICO) à hauteur de 67,5 millions d’euros et par l’augmentation du taux de contribution employeur à la Caisse Nationale de Retraites des Agents des Collectivités Locales (CNRACL) à hauteur d’environ 250 millions d’euros par an jusqu’à 2028.

La question va se poser de leur capacité à participer au redressement des comptes publics l’année prochaine, tout en poursuivant leurs investissements de fin de mandat et en préservant la qualité et le bon fonctionnement des services publics de proximité.

Retrouvez ici « Regard financier sur les petites villes »

Retrouver ici le communiqué de presse

 

19
juin
2025
Une crise des finances publiques locales qui se généralise

Une crise des finances publiques locales qui se généralise

Finances et fiscalité locales

La dernière séance du Comité des finances locales, qui s’est tenue le 18 juin à l’Hôtel de Roquelaure, était consacrée à la présentation du pré-rapport de l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) sur les comptes de 2024. Le constat est sans appel : après les régions et les départements, c’est au tour …

La dernière séance du Comité des finances locales, qui s’est tenue le 18 juin à l’Hôtel de Roquelaure, était consacrée à la présentation du pré-rapport de l'Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) sur les comptes de 2024. Le constat est sans appel : après les régions et les départements, c’est au tour des communes de voir leur situation financière décliner.  

Comme l’a indiqué André Laignel, alors que l’exercice 2023 suscitait déjà des inquiétudes en raison d’une baisse sensible de l’épargne brute des collectivités (- 9,1 %),  avec l'année 2024, « l'alerte est complète, problématique et concerne tous les niveaux de collectivités ». Cette épargne brute s'est à nouveau contractée de - 7,3 % et se situe fin 2024 à un niveau moins élevé de 2,1 milliards d'euros par rapport à avant la crise sanitaire.

  1. Cadre général macroéconomique :

Selon les comptes nationaux publiés par l'Insee fin mai 2025, la croissance de l'économie française a continué de décélérer en 2024 : le PIB (en volume) a augmenté de + 1,2 % en euros constants, après + 1,4 % en 2023.

En 2024, le déficit public au sens de Maastricht atteint 168,6 Md€, soit 5,8 % du produit intérieur brut (PIB) après 5,4 % en 2023 et 4,7 % en 2022, soit une augmentation de 16,9 Md€.

Cette dégradation s’explique par un effet ciseau : les recettes des prélèvements obligatoires augmentent moins vite que l’activité en valeur, tandis que les dépenses de prestations sociales, soutenues notamment par des revalorisations fondées sur l’inflation 2023, accélèrent à 5,5 %. Ces facteurs sont toutefois atténués par la sortie progressive des mesures exceptionnelles prises face à la hausse des prix de l’énergie.

Le déficit de l’État, qui porte l’essentiel de ces mesures, s’établit à 152,5 Md€ (après 151,9 Md€ en 2023) et celui des organismes divers d’administration centrale (ODAC) est stable à 1,7 Md€.

Le déficit des administrations publiques locales (APUL) se dégrade et s’établit à 16,7 Md€ (après 9,5 Md€), dont  11,4 Md€ (contre 5,0 Md€ en 2023) pour les collectivités locales.

Les recettes des APUL progressent moins vite, de 2,2 % après + 4,2 % en  2023.

L’investissement ralentit mais reste dynamique selon le pré-rapport (+ 7,8 % après + 11,1 % en 2023), atteignant 67,9 Md€ (après 63,0 Md€ en 2023).

La dette publique s’élève à 113,2 % du PIB fin 2024, après 109,8 % fin 2023 et 111,4 % fin 2022.

La principale contribution à la dette, au sens du traité de Maastricht, d'un sous-secteur

est celle de l’État (+170,5 Md€ après 150,0 Md€), qui s’endette en titres de court et de long termes (+171,9 Md€). En parallèle, l’État rembourse des crédits de long terme (-1,4 Md€).

La contribution des APUL à la dette publique brute augmente plus fortement en 2024 qu’en 2023 (+13,8 Md€ après +5,2 Md€), principalement sous forme de titres de long terme (+ 6,1 Md€). Parmi les seules collectivités locales, la contribution des communes, des départements et des régions à la dette publique augmente (respectivement + 3,2 Md€, + 2,3 Md€ et + 3,4 Md€ après + 0,9 Md€, - 0,2 Md€ et + 1,2 Md€ en 2023), tandis que celle des syndicats des collectivités territoriales est stable.

  1. Focus sur la situation des communes :

Constat n° 1 : baisse de l’autofinancement pour les petites communes et les très grandes, atonie ou croissance pour les autres

En 2024, les dépenses de fonctionnement augmentent de + 4,2 % (+ 5,0 % en 2023) et les recettes de fonctionnement de + 3,0 % (+  5,6 % en 2023). Ces augmentations s’observent pour l’ensemble des strates de taille de communes, mais avec néanmoins des disparités.

Plus une commune est grande (hors Paris) moins ses dépenses de fonctionnement augmentent. Les évolutions des dépenses de fonctionnement des strates inférieures à 3 500 habitants sont comprises entre + 4,4 % et + 5 %.

Celles entre 3 500 et 100 000 habitants ont des évolutions plus faibles et variant entre + 3,1 % et + 4 %.

Les recettes de fonctionnement augmentent le plus pour les communes de taille moyenne. Les évolutions varient de + 1,7 % pour la strate de moins de 200 habitants jusqu’à + 4,1 % pour celle de 2 000 à 3 500 habitants.

Pour les strates allant de 3 500 à 50 000 habitants, les taux d’accroissement des recettes de fonctionnement diminuent avec la taille : ils s’élèvent à + 3,5 % pour la strate de 3 500 à 5 000 habitants et + 2,7 % pour celle de 20 000 à 50 000 habitants.

La strate de 50 000 à 100 000 habitants augmente plus fortement avec + 3,8 %.

Constat n° 2 : des dépenses de fonctionnement toujours à la hausse pour les communes

Les dépenses de fonctionnement connaissent une décélération de l’accroissement annuel depuis 2020.

Elles augmentent de + 4,2 % en 2024 après + 5,0 % en 2023 et + 5,9 % en 2022.

Dans le détail, les frais de personnel continuent de progresser (+ 4,3 % après + 3,6 % en 2023). Les achats et charges externes s’accroissent de +4,1 % soit moitié moins que les fortes hausses enregistrées en 2023 (+8,5 %) et 2022 (+11,1 %).

Le poste «énergie» n’augmente plus que de + 5,3 % au lieu de + 25 % en 2023 et + 30 % en 2022 dans un contexte de ralentissement de l’inflation.

En revanche, les primes d’assurances réglées accentuent leur dynamisme (+ 19,9% après + 11,4%) pour un total de 729 M€.

Les dépenses d’intervention continuent de s’accroître de +4,7 % comme en 2023.

Constat n° 3 : impôts directs en hausse et baisse sensible des impôts indirects

En 2024, les impôts directs augmentent de + 4,3 %, bien moins qu’en 2023 (+ 7,5 %). Cette hausse concerne toutes les strates de taille de communes avec une augmentation comprise entre + 5,5 % et + 6,2 % pour les strates inférieures à 5 000 habitants. Pour les strates supérieures à ce seuil, des évolutions dont l’intensité diminue avec la taille de la strate s’observent, allant de + 4,8 % pour la strate des 5 000 à 10 000 habitants jusqu’à + 3,3 % pour les deux strates supérieures à 50 000 habitants. Les produits de la taxe foncière progressent en 2024 de 5,2 %, ceux de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires de 0,6 %.

Les impôts indirects connaissent une baisse sensible de - 6,4 % qui s’explique essentiellement par la chute des droits de mutation à titre onéreux (DMTO) en lien avec le recul des transactions immobilières en 2024. Toutes les strates sont concernées par cette baisse des impôts indirects, surtout les strates des petites communes de moins de 1 000 habitants, avec des évolutions entre - 12,9 % et - 10,8 %. Les strates supérieures ont des évolutions comprises entre - 4,4 % et - 9,1 %.

Les subventions reçues et participations sont globalement stables, en léger repli de - 0,3 %. Elles chutent fortement pour les strates de petites communes avec - 20,5 % pour les moins de 200 habitants, restent en évolution négative mais moins sensible pour les strates comprises entre 200 et 5 000 habitants.

En revanche, elles sont stables entre 5 000 et 50 000 habitants et n’évoluent positivement que pour les deux strates supérieures à 50 000 habitants.

Les autres recettes de fonctionnement, qui sont principalement composées des revenus des immeubles, des autres produits divers de gestion courante et des redevances versées par les fermiers et concessionnaires, augmentent pour toutes les strates de communes. Mais elles progressent particulièrement pour la strate des communes de 50 000 à 100 000 habitants avec + 24,4 %, principalement du fait de deux communes ayant multiplié par cinq et par neuf leurs autres recettes de fonctionnement.

Constat n° 4 : dynamisme des dépenses d'investissement, quelle que soit la strate de population pour les communes

Les dépenses d'investissement (hors remboursements de la dette) restent dynamiques pour la quatrième année consécutive. Elles ont augmenté en 2024 de + 9,5 % après + 9,4 % en 2023 alors même que l’effet prix, très marqué en 2022 et 2023, s’est nettement réduit en 2024. Comparativement à la même année située dans le cycle électoral précédent (2018) où l’accroissement était de + 5,9 %, cet accroissement est important en intensité.

Constat n° 5 : le délai de désendettement des communes se dégrade en 2024 dans certaines grandes communes et les plus petites

Le délai de désendettement (encours de dette rapportée à l’épargne brute) des communes augmente entre 2023 et 2024 de + 0,2 an. Il baisse pour les strates comprises entre 200 et 10 000 habitants et pour celles entre 50 000 et 100 000 habitants. Il augmente un peu pour les autres strates et surtout pour la strate des plus de 100 000 habitants avec + 2,8 ans y compris Paris (+ 0,4 an hors Paris).

Télécharger le pré-rapport 2025 de l'OFGL 

19
juin
2025
L’État renforce son soutien à la rénovation urbaine : un doublement du financement à l’Anru en 2026

L’État renforce son soutien à la rénovation urbaine : un doublement du financement à l’Anru en 2026

Logement et urbanisme

L’annonce est passée presque inaperçue mais elle n’en est pas moins significative : l’État portera à 116 millions d’euros sa contribution à l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) en 2026, contre 50 millions cette année. Ce renforcement budgétaire marque un engagement clair du gouvernement en faveur du renouvellement des quartiers, alors que les tensions …

L’annonce est passée presque inaperçue mais elle n’en est pas moins significative : l’État portera à 116 millions d’euros sa contribution à l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) en 2026, contre 50 millions cette année. Ce renforcement budgétaire marque un engagement clair du gouvernement en faveur du renouvellement des quartiers, alors que les tensions sociales, urbaines et foncières se font de plus en plus visibles dans de nombreux territoires.

Un message bienvenu pour les collectivités locales

Ce soutien financier supplémentaire intervient dans un contexte de montée en puissance du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU), lancé pour transformer en profondeur plus de 400 quartiers à travers le pays. Piloté par l’Anru, ce programme mobilise 12 milliards d’euros d’investissements pour améliorer l’habitat, les espaces publics, les équipements et l’attractivité de territoires souvent fragilisés.

Si les grandes agglomérations concentrent une part importante des crédits, de nombreuses petites villes sont également concernées, en particulier celles qui accueillent des quartiers anciens en difficulté ou des ensembles HLM mal intégrés dans leur tissu urbain.

Une bouffée d’oxygène pour les projets en attente

Plusieurs collectivités avaient alerté ces derniers mois sur les risques de blocage de projets, faute de financement de la part de l’État, alors que les cofinancements locaux et ceux d’Action Logement ou de la Caisse des Dépôts sont déjà fortement sollicités. L’augmentation de la participation de l’État devrait permettre de désengorger les dossiers à l’instruction et de donner un nouveau souffle aux programmes en souffrance.

Pour les petites villes : un levier de transformation à ne pas négliger

Dans un contexte où les besoins en logements sont massifs et où les attentes des habitants en matière de cadre de vie sont de plus en plus fortes, la rénovation urbaine reste un outil essentiel pour les maires des petites villes. Elle permet de lutter contre l’habitat dégradé, de mieux articuler les politiques de mobilité, d’éducation, de santé et de sécurité, et de renforcer la mixité sociale.

L’annonce du doublement de la contribution de l’État en 2026 envoie donc un signal positif à toutes les collectivités engagées dans la transformation de leurs quartiers. Reste désormais à garantir une mise en œuvre fluide et rapide, en lien étroit avec les élus locaux, les habitants et les opérateurs du logement.

19
juin
2025
Urbanisme et logement : le Sénat adopte la proposition de loi Huwart

Urbanisme et logement : le Sénat adopte la proposition de loi Huwart

Logement et urbanisme

Le Sénat a adopté ce 17 juin la proposition de loi de simplification du droit de l’urbanisme et du logement, déposée par Harold Huwart, député (LIOT) d’Eure-et-Loir. Ce texte, déjà voté par l’Assemblée nationale le 15 mai, poursuit un objectif clair : accélérer et faciliter les projets de construction dans un contexte de crise du …

Le Sénat a adopté ce 17 juin la proposition de loi de simplification du droit de l’urbanisme et du logement, déposée par Harold Huwart, député (LIOT) d’Eure-et-Loir. Ce texte, déjà voté par l’Assemblée nationale le 15 mai, poursuit un objectif clair : accélérer et faciliter les projets de construction dans un contexte de crise du logement.

Concrètement, la PPL introduit plusieurs ajustements techniques importants :

  • Création d’un permis d’aménager multisites pour fluidifier les opérations d’aménagement sur plusieurs parcelles distinctes ;

  • Réduction des délais de recours contre les autorisations d’urbanisme ;

  • Élargissement des possibilités de modification simplifiée des PLU ;

  • Dérogations au PLU dans les zones tendues pour mieux répondre aux besoins locaux ;

  • Suppression de la caducité automatique des SCoT après six ans, introduite par la loi SRU ;

  • Allègement des obligations de solarisation et végétalisation pour les bâtiments tertiaires, avec un relèvement des seuils.

Le texte prévoit également un renforcement de l’ingénierie pour les collectivités, en particulier les plus petites, afin de sécuriser et accélérer leurs projets.

S’il ne constitue pas une réforme structurelle de la politique du logement, ce texte est salué comme un outil utile pour débloquer des projets locaux, souvent confrontées à une complexité croissante des normes d’urbanisme.

La proposition de loi doit désormais faire l’objet d’une commission mixte paritaire. L’APVF restera attentive aux discussions à venir, en particulier sur les moyens concrets d’accompagnement des collectivités.

17
juin
2025
Résister, s’adapter : les territoires face au choc climatique

Résister, s’adapter : les territoires face au choc climatique

Transition écologique

Dans les travées de l’Alpilium, personne ne parle de demain comme d’une éventualité abstraite. Pour cette première table ronde des Assises de l’APVF consacrée à la résilience climatique, les mots sont posés, pesés, et portés par l’expérience du terrain. Aux côtés de Jean Jouzel, grand témoin de la séance, les élus décrivent un présent déjà …

Dans les travées de l'Alpilium, personne ne parle de demain comme d’une éventualité abstraite. Pour cette première table ronde des Assises de l'APVF consacrée à la résilience climatique, les mots sont posés, pesés, et portés par l’expérience du terrain. Aux côtés de Jean Jouzel, grand témoin de la séance, les élus décrivent un présent déjà cabossé par les extrêmes.

Éric Menassi, maire de Trèbes, revient avec émotion sur l’épisode méditerranéen de 2018. Un basculement. Depuis, il n’est plus question de construire sans conscience : « 80 % des zones disponibles sont inondables. Le développement du territoire ne peut plus reposer sur la croissance. » Il plaide pour un changement de paradigme, avec l’aménagement au cœur de toutes les politiques.

Même lucidité du côté de Geneviève Blanc, maire d’Anduze. Là-bas, les crues sont une réalité familière – trop familière. « On vit avec le risque », dit-elle, évoquant la structuration du territoire en bassin versant, la sanctuarisation de terres agricoles. Une manière d’apprendre à “faire avec”.

Romain Colas, maire de Boussy-Saint-Antoine, lui, a vu le risque émerger brutalement. « En 30 ans, aucune crue. Et puis, soudain, elles deviennent régulières. » Pour lui, la réponse passe par l’échelon pertinent : celui de la coopération entre communes. Mais aussi par une exemplarité politique : « On doit être irréprochables. »

Avec un autre versant, Antoine Bristielle, directeur de l'opinion à la Fondation Jean Jaurès, vient rappeler une donnée frappante : un tiers des Français vit déjà dans une zone exposée – inondation, coupure d’eau ou pollution. « La population est très concernée, dans les villes comme dans les campagnes. Mais il faut que les réponses soient pensées localement, avec du sens. »

Enfin, Eva Kaplanis, directrice du développement de la SMACL, dresse un constat sans détour : les sinistres climatiques explosent. « 23 inondations recensées en 2024. En 2019, c’était 9. » Le secteur de l’assurance s’en inquiète, certains se retirent. Mais elle rappelle que la SMACL, créée par des élus pour les collectivités, reste là pour co-construire des solutions.

Autour de Jean Jouzel, « véritable conscience de l’humanité » pour Romain Colas, la conviction est partagée : l’adaptation ne doit pas être subie, mais pensée. Et surtout, assumée collectivement.

En vidéo, avec Paroles d'élus, retrouvez nos maires engagés sur ce sujet majeur.

17
juin
2025
Solitudes, fragilités, bienveillance : les petites villes au front du lien social

Solitudes, fragilités, bienveillance : les petites villes au front du lien social

Attractivité et aménagement du territoire

Lors de la table ronde consacrée au défi démographique et à la bienveillance, lors des Assises de l’APVF à Saint-Rémy-de-Provence, les élus et acteurs associatifs ont esquissé une géographie de la solitude, des fragilités, mais aussi de l’engagement. Philippe Da Costa, Président de la Croix-Rouge française et grand témoin de la séquence, a donné le …

Lors de la table ronde consacrée au défi démographique et à la bienveillance, lors des Assises de l'APVF à Saint-Rémy-de-Provence, les élus et acteurs associatifs ont esquissé une géographie de la solitude, des fragilités, mais aussi de l’engagement.

Philippe Da Costa, Président de la Croix-Rouge française et grand témoin de la séquence, a donné le ton : « Nous ne sommes plus dans une période de transition, mais dans une période de rupture. » La multiplication des crises – parfois invisibles, comme celles de la santé mentale ou de la biodiversité – oblige les maires à jouer un rôle vital, en première ligne. Face à l’ampleur des défis, il propose deux leviers : d’un côté, rendre les citoyens acteurs – « l’élan du premier kilomètre » – ; de l’autre, s’appuyer sur une nouvelle dynamique de l’engagement, marquée par un recul chez les seniors post-Covid mais une montée en puissance des jeunes. L’intergénérationnel devient alors un outil structurant. Le prochain mandat, prévient-il, devra faire de l’isolement social un enjeu central.

Yann Lasnier, délégué général des petits frères des Pauvres, enfonce le clou : 530 000 personnes de plus de 60 ans sont aujourd’hui en situation de mort sociale. Un chiffre qui continue de grimper. Il appelle les maires à jouer leur rôle pour prévenir les drames invisibles, ceux des morts solitaires. Pourtant, paradoxalement, les plus de 60 ans représentent aujourd’hui 60 % des élus municipaux. Il faut, dit-il, « refonder un récit sur les seniors, comme ressources et non comme charges ».

Nathalie Nieson, maire de Bourg-de-Péage et vice-présidente trésorière de l’APVF, observe que ce travail ne peut se faire que dans la proximité. Et dans la continuité. Elle évoque les dispositifs d’écoute, la lutte contre la fracture numérique, le besoin de services adaptés aux rythmes des personnes âgées. Elle insiste aussi sur la qualité du lien, plus que sur la quantité de dispositifs.

Dans ce tableau, Sébastien Eugène, maire de Château-Thierry, apporte un autre éclairage. Chez lui, l’attractivité est réelle – « des gens viennent s’installer par choix, mais aussi par nécessité, parce qu’ils ne peuvent plus se loger en région parisienne » – mais cela bouscule les équilibres. Il explique le besoin de penser la ville comme amie de nos aînés, pour maintenir les personnes âgées à domicile. C’est un enjeu clé, et c’est une responsabilité du Maire, rappelera-t-il.

Une table ronde tout en gravité, mais sans fatalisme. Tous l’ont dit à leur manière : les petites villes n’ont pas les moyens d’attendre. Elles agissent. Et elles rappellent que dans un pays en crise, la bienveillance n’est pas une option : c’est une politique publique.

17
juin
2025
Loger et habiter : les petites villes cherchent l’équilibre

Loger et habiter : les petites villes cherchent l’équilibre

Logement et urbanisme

Construire plus, oui. Mais surtout construire mieux. Le titre de la troisième table ronde sonne comme une injonction, une équation impossible. Et pourtant, les élus présents s’accordent : les petites villes doivent redevenir des territoires de projet, où l’acte de bâtir retrouve sa légitimité — mais jamais contre les habitants, ni contre la planète. À …

Construire plus, oui. Mais surtout construire mieux. Le titre de la troisième table ronde sonne comme une injonction, une équation impossible. Et pourtant, les élus présents s’accordent : les petites villes doivent redevenir des territoires de projet, où l’acte de bâtir retrouve sa légitimité — mais jamais contre les habitants, ni contre la planète.

À Cassis, ville balnéaire, Danièle Milon, sa maire, voit chaque jour cette tension prendre corps : celle entre attractivité touristique et pénurie de logements pour les habitants. « Il faut réguler les meublés de courte durée sans renier l’attractivité qui fait vivre nos territoires. » L’enjeu est d’autant plus aigu que la flambée des loyers fait reculer l’accès au logement pour les actifs et les jeunes ménages.

À Villepreux, dans les Yvelines, Jean-Baptiste Hamonic affronte une autre facette du même dilemme : 75 % de son territoire est inconstructible. Il faut alors assumer une parole politique claire pour défendre des opérations de densification choisies, concertées. « La densification est notre meilleur allié pour préserver nos sols et répondre à la crise du logement. » Il rappelle une statistique glaçante : un quart des jeunes couples renoncent à avoir un enfant faute de pouvoir se loger dignement. Le logement n’est pas qu’une politique d’urbanisme, c’est une politique de vie.

Du côté des professionnels, Philippe Bertucci, président de la chambre PACA-Corse de l’UNAM, insiste : les aménageurs sont eux aussi en mutation. Leurs métiers évoluent, tout comme les attentes des territoires. Les petites villes, avec leur taille humaine et leur lien au sol, peuvent devenir les laboratoires d’un urbanisme de la transition, à condition d’en faire un vrai projet partagé.

C’est ce que confirme Nicolas Godet, directeur général de Point P, qui évoque les 1 000 points de vente de l’entreprise, maillés au cœur des villes. « Nous voyons au quotidien que le logement est à la croisée de tous les enjeux : écologiques, sociaux, économiques. Mais rien ne se fera sans les artisans. » L’ancrage local reste la clé : c’est sur ce socle que pourra se reconstruire la confiance autour du logement.

17
juin
2025
Réenchanter la rue : vers un nouveau commerce dans les petites villes

Réenchanter la rue : vers un nouveau commerce dans les petites villes

Commerce

C’est une image familière, qui inaugure cette quatrième et dernière table ronde de la journée des Assises de l’APVF: celle d’une rue commerçante animée, humaine, où l’on flâne autant qu’on achète. Mais ce tableau s’est fissuré. La vacance commerciale, les mutations des modes de consommation, les freins à l’installation des indépendants redessinent les cœurs de …

C’est une image familière, qui inaugure cette quatrième et dernière table ronde de la journée des Assises de l'APVF: celle d’une rue commerçante animée, humaine, où l’on flâne autant qu’on achète. Mais ce tableau s’est fissuré. La vacance commerciale, les mutations des modes de consommation, les freins à l’installation des indépendants redessinent les cœurs de ville. Alors, comment réinventer le commerce dans les petites villes sans renoncer à leur âme ? À cette question, les intervenants n’ont pas répondu par des incantations, mais par une série de leviers très concrets.

Pour Nicolas Paget, maire de Courthézon, avant même de parler vitrines, il faut poser les fondations du commerce de demain : le triptyque “cadre de vie, mobilité, sécurité”. Ce n’est que lorsque ces trois éléments convergent que l’on peut espérer attirer de nouveaux commerçants. Encore faut-il lever deux freins majeurs : le coût d’entrée dans le métier et les obstacles réglementaires, souvent trop lourds pour les indépendants.

À Saint-Jean-d’AngélyFrançoise Mesnard, la Maire, a choisi d’agir sans attendre, en mobilisant tous les leviers de revitalisation disponibles du programme Petites Villes de Demain à la reconquête des pas-de-porte vacants. L’enjeu : redonner confiance aux habitants et aux porteurs de projets.

Du côté des acteurs économiques, Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Aix-Marseille-Provence, a rappelé un chiffre frappant : le chiffre d’affaires du commerce dépasse celui de l’industrie, et pourtant, 33 % de ce chiffre est concentré dans seulement 1 % des points de vente. Une concentration qui traduit bien le déséquilibre territorial. Pour lui, les mutations du secteur n’expliquent pas tout : les communes ont un rôle clé à jouer, par leur politique foncière, leur fiscalité, et surtout leur volonté. La vacance commerciale reste stable autour de 10 %, ce qui montre qu’on peut agir, à condition d’adapter les loyers et d’imaginer de nouvelles expériences client.

C’est justement ce que défend Gisèle Rossat-Mignod, Directrice des affaires publiques de la Banque des Territoires. Si la BdT accompagne les élus sur la question du commerce, c’est qu’elle y voit un outil de cohésion sociale et territoriale. Les commerces ne s’installent pas seulement là où il y a du flux : ils prospèrent en complément d’autres services, dans un écosystème complet. Il faut, selon elle, accepter la rétractation des parcours marchands traditionnels, mais en recomposant des centralités moins consuméristes, plus ludiques et plus mixtes.

Enfin, Dominique Consille, directrice des programmes Petites Villes de Demain (PVD) et Action Cœur de Ville (ACV) au sein de l'ANCT, a élargi le propos : il ne suffit pas de baisser les loyers, il faut aussi interroger l’emplacement même des commerces, leur intégration dans le tissu urbain, leur accessibilité à pied, en vélo, en transports en commun.

La ville de demain se dessine à l’échelle du dernier mètre, celui qui fait la différence entre une vitrine qu’on regarde… et une porte qu’on pousse.

 

17
juin
2025
Écouter et décider : la fonction de maire est-elle encore désirable ?

Écouter et décider : la fonction de maire est-elle encore désirable ?

Droits et devoirs des élus

Clap de fin pour les travaux des 27e Assises de l’APVF, avec une table ronde au titre évocateur : « Écouter et décider : maires de petites villes de demain, une fonction désirable ? » Une question d’actualité tant le rôle de maire, tout particulièrement dans les petites villes, semble aujourd’hui tiraillé entre épuisement démocratique, …

Clap de fin pour les travaux des 27e Assises de l’APVF, avec une table ronde au titre évocateur : « Écouter et décider : maires de petites villes de demain, une fonction désirable ? » Une question d’actualité tant le rôle de maire, tout particulièrement dans les petites villes, semble aujourd’hui tiraillé entre épuisement démocratique, responsabilités croissantes et attentes sociétales démultipliées. Mais ce qui a dominé les échanges, c’est l’attachement viscéral à cette fonction, et l’envie de la réinventer pour mieux l’assumer.

Pour Daniel Cornalba, maire de L’Étang-la-Ville et membre du bureau de l’APVF, le sentiment d’utilité et la lassitude ne s’excluent pas. Ils cohabitent. Car si les petites villes sont, par leur agilité, des sources de solutions, elles sont aussi les premières à subir les injonctions contradictoires, qu’elles soient réglementaires ou budgétaires. Une tension permanente entre proximité concrète et cadre normatif rigide.

Emmanuelle Gazel, maire de Millau, a quant à elle défendu une vision profondément démocratique du mandat local. Pour elle, écouter ceux qui ne s’expriment pas est devenu un impératif. Cela passe par des outils innovants comme le tirage au sort, ou encore la votation citoyenne, utilisée dans sa commune pour soumettre la programmation pluriannuelle d’investissement (PPI) au débat public. Résultat : une effervescence civique, mais aussi une clarification démocratique pour savoir si un projet porté est réellement partagé.

Laurence Porte, maire de Montbard et vice-présidente de l’APVF, a apporté un éclairage subtil sur la démocratie participative, qu’elle voit non pas comme une remise en cause du mandat, mais comme un complément qui en redéfinit les contours. Car écouter ne veut pas dire se dissoudre dans la volonté générale. L’élu reste le mandataire d’un mandat clair, avec la responsabilité de trancher, parfois contre les vents dominants.

Un témoignage fort et très personnel est venu de Camille Pouponneau, ancienne maire de la petite ville de Pibrac et auteure de Maire, le grand gâchis. Avec une grande émotion, elle a souhaité mettre en lumière les raisons de sa démission, espérant que son livre ait pu faire écho à d’autres parcours similaires. Bien qu’issue du milieu politique, elle n’avait pas anticipé le profond sentiment d’impuissance qui allait marquer son mandat. Pour elle, ce malaise s’explique par trois facteurs structurants : le poids de l’intercommunalité – en l’occurrence celui de la métropole de Toulouse –, la pression normative, et la baisse continue des moyens alloués aux services publics. « Être maire, c’est comme être chef d’entreprise, mais sans les leviers pour agir », a-t-elle résumé.

Enfin, Françoise Gatel, ministre déléguée à la ruralité, a accepté de conclure les échanges en saluant l’intitulé même de la table ronde, soulignant que l’écoute et la décision ne sont pas incompatibles, mais les deux piliers du mandat local. Elle a rappelé combien la crise sanitaire a faussé le début de mandat de nombreux élus, et listé les raisons de la complexité croissante de leur tâche : l’empilement des normes, souvent uniformisantes au détriment de la liberté d’action locale, et le changement du rapport citoyen-institution, avec une population de plus en plus exigeante, parfois consumériste. C’est pourquoi le gouvernement souhaite renforcer l’État déconcentré, pour mettre fin aux voix discordantes de l’administration, et construire une relation plus lisible et plus efficace entre l’État et les élus.